Tim Kerr

Tim-KerrLe commandant Tim Kerr ne connaissait rien à propos des lésions cérébrales ni des accidents vasculaires cérébraux avant de subir le sien en 2012.

« C’est arrivé d’un coup, alors que j’étais en mer », explique Tim, qui était alors capitaine d’un destroyer au large de la côte ouest de l’Amérique. « Je faisais de l’exercice sur un exerciseur elliptique… et ensuite je me suis retrouvé à l’hôpital. »

Ce qui s’est passé entre l’appareil elliptique et le réveil à l’hôpital a été relaté à Tim par des membres d’équipage et des médecins. « L’équipe m’a trouvé en train de faire des convulsions; heureusement, nous avions à bord un professionnel de la santé qui a suivi le protocole d’AVC. On m’a évacué vers un autre navire à proximité avec un médecin à bord, qui a ensuite ordonné mon évacuation vers un hôpital à San Diego. »

Les premiers jours

« Je me suis réveillé et me suis senti surpris, effrayé et confus, se souvient Tim. J’avais beaucoup de questions. »

Il a fallu un certain temps aux médecins pour confirmer pourquoi Tim avait eu un accident vasculaire cérébral – il était un homme en bonne santé, dans la quarantaine, lorsque cela s’est produit. Mais après plusieurs tests, y compris des IRM, ils ont eu leur diagnostic. « J’ai eu un AVC hémorragique dans la partie droite du cerveau qui a affecté le côté gauche de mon corps », explique Tim. Il était paralysé du côté gauche du corps et avait de légers problèmes de mémoire.

« Je me disais « J’ai eu un accident vasculaire cérébral. Je suis handicapé. Est-ce que ça va être permanent? Est-ce que je vais me rétablir? » se souvient Tim. « Au début du rétablissement, j’étais extrêmement émotif – je ne pouvais pas  contrôler mes émotions. [Je ressentais] de la colère face à la situation, de l’incertitude, de la peur et de la tristesse. »

Une grande partie de cette incertitude s’est transformée en détermination. « La famille était une motivation : j’étais déterminé à me rétablir du mieux que je le pouvais », dit Tim. Il avait de jeunes enfants et il était déterminé à en faire le plus possible.

La réadaptation

La détermination de Tim a commencé à l’hôpital. Avant de commencer la réadaptation, il a essayé d’utiliser son côté droit pour gérer son déficit du côté gauche. « Par exemple, je me traînais jusqu’à la salle de bain avec l’aide de ma épouse ou j’utilisais d’autres soutiens dans la pièce avec mon côté droit pour essayer de compenser pour ma gauche. »

« Je n’avais pas réalisé, avant d’arriver au centre de réadaptation Élisabeth-Bruyère (à Ottawa), à quel point j’étais handicapée. J’étais en fauteuil roulant, on m’a montré ma chambre et ensuite la salle à manger, où se trouvaient les autres survivants d’accidents vasculaires cérébraux. Je me penchais en raison de mon déficit à gauche. L’un des bénévoles a essayé de commencer à me nourrir. »

Cette action fut un choc pour Tim. « Je me suis dit : ‘Est-ce ainsi que je serai ainsi pour le reste de ma vie?’ »

Cela a été difficile pour Tim de composer avec tous les changements auxquels il était confronté et aussi ceux qui l’attendaient pendant son rétablissement.

Après une semaine d’évaluation, le programme de réadaptation de Tim a démarré : un mélange de physiothérapie, d’ergothérapie et de thérapie cognitive. « Au cours de la première étape, j’ai travaillé sur mon tronc, j’ai fait des exercices pour mon cerveau afin de soutenir mon tronc et m’aider à m’asseoir droit. Nous avons passé un mois sur cette étape. »

« À la deuxième étape, j’ai fait des exercices pour les bras et les jambes. C’était un programme de physiothérapie très solide. Pendant la troisième étape, une fois que mon bras gauche a commencé à s’améliorer, je suis allé en ergothérapie pour travailler sur la motricité fine. »

Tim était motivé. « J’avais un objectif final en tête tout le temps : être assez mobile pour jouer avec mes enfants. » Mais au cours des six premières semaines, Tim n’avait pas vu beaucoup d’amélioration et il en était découragé. Bien qu’avoir un objectif ultime fut utile, Tim admet que le fait de mettre l’accent sur un objectif aussi important a rendu difficile l’obtention de résultats. « L’établissement d’objectifs quotidiens et hebdomadaires m’a aidé à voir des progrès, mais ce n’est que lorsque j’ai mis en œuvre ces petits objectifs que j’ai commencé à voir des résultats », dit-il.

Tim a passé trois mois et demi au centre Élisabeth Bruyère et a pu sortir avec une marchette. Il a poursuivi sa réadaptation en clinique externe et a commencé à utiliser une canne. Après plusieurs mois, il a pu marcher sans aide. Il attribue une partie de sa réussite en réadaptation à son âge, à ses antécédents militaires et à ses expériences passées.

« Ce n’était pas la première fois que j’étais en réadaptation, explique Tim. En 2009 (trois ans avant l’accident vasculaire cérébral), j’étais au Royaume-Uni pour suivre une formation. J’ai eu un accident de véhicule blindé et mon fémur droit est passé à travers ma hanche droite. J’ai passé une longue période de réadaptation au sein d’un groupe de traumatologie complexe au Royaume-Uni. J’y suis entré sur des béquilles. Tous les autres participants étaient des membres de la Royal Marine blessés au combat. Bon nombre d’entre eux avaient perdu des membres. J’ai fait de la réadaptation à leurs côtés, ils formaient un groupe incroyable de personnes. »

Cette expérience a montré à Tim l’importance d’être déterminé et d’avoir du soutien en réadaptation, ce qui l’a aidé après son accident vasculaire cérébral.

« J’ai eu tellement de soutien à Élisabeth Bruyère. J’adore le personnel. Je reconnais aussi que j’ai bénéficié d’un niveau de soutien rare de la part des militaires, de ma famille et de mes amis. »

À part son épouse et ses enfants, Tim a aussi reçu de fréquentes visites de ses parents. « Ils ont défendu mes droits, ils ont insisté pour moi », dit Tim. « Mon père m’a motivé, il m’a aidé. Il m’a même donné des bains – chose que je n’aurais jamais pensé qu’il doive refaire. »

Après avoir obtenu son congé du centre Élisabeth Bruyère, Tim a continué sa réadaptation en tant que patient externe. « Je suis très heureux de mon rétablissement. J’en suis un peu étonné, en rétrospective. J’ai récupéré environ 95 % de ma mobilité. J’utilise la prudence et des bâtons de marche pour faire de longues promenades, ainsi que des crampons en hiver. Je reste en santé en faisant de l’exercice en toute sécurité. Et maintenant, je fais du bénévolat pour le centre Élisabeth Bruyère. »

Même si Tim reconnaît que ce n’est pas tout le monde qui se rétablira autant que lui, il croit que le soutien et la motivation jouent un rôle important pour tout le monde. « Les gens perdent beaucoup de motivation et ratent des occasions d’amélioration parce qu’ils n’ont pas de soutien externe. Idéalement, tout le monde aurait quelqu’un – un défenseur de leurs droits ou un gestionnaire de cas qui fournirait cette aide externe pendant la réadaptation. » En tant que bénévole, Tim essaie de faire profiter les autres de son expérience personnelle et de sa détermination, en fournissant lui-même une partie de cette motivation.

Retour au travail

Au moment de son accident vasculaire cérébral, Tim était commandant de la Marine. Il terminait sa mission en mer et, au cours de son rétablissement initial, il prit un congé de maladie.

« Les militaires disposaient d’un mécanisme solide pour établir un plan de retour au travail. J’ai travaillé avec un gestionnaire de cas militaire», explique Tim. « J’ai recommencé le travail quelques demi-journées par semaine, environ neuf mois après l’accident vasculaire cérébral ; mes employeurs et moi avons lentement ajouté des demi-journées sur plusieurs mois. J’étais à temps plein quatorze mois après l’accident vasculaire cérébral. »

Tim ressent encore de la fatigue et prend des médicaments antiépileptiques. Après trois ans, il a reçu une libération pour raisons médicales des Forces armées canadiennes et travaille maintenant dans la fonction publique, au ministère des Anciens Combattants.

Chaque jour est un point de départ

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il voulait que les autres retiennent de son histoire, Tim eut une réponse simple à donner. « Peu importe ce qui vous arrive, vous pouvez toujours aller de l’avant. Ce qui est important, c’est de faire votre part du travail, d’établir des objectifs, d’essayer de trouver quelqu’un pour vous accompagner dans votre démarche et de toujours croire que vous pouvez vous rétablir, dans une certaine mesure. J’ai appris cette leçon lors de mon rétablissement. »

« Chaque jour est un point de départ. Vous vous devez de rendre votre vie aussi agréable que possible. »