Intelligence culturelle

Note : Le terme « compétence culturelle » est fréquemment utilisé dans les textes universitaires, mais il s’agit d’un terme désuet qui est progressivement éliminé de l’usage quotidien. Afin de décrire avec exactitude le concept selon lequel les professionnels sont éduqués et sensibilisés à la culture et à ses répercussions sur les soins de santé, nous remplacerons le terme « compétence culturelle » dans cet article par « intelligence culturelle ».

Le système de santé du Canada est témoin d’une variété de croyances, de valeurs, de religions et de structures sociales. La culture a un impact sur notre système de santé et sur la façon dont les soins de santé sont fournis dans nos communautés. La culture joue un rôle important dans la compréhension de la maladie, le traitement, la réadaptation et la participation de la famille. Elle contribue aussi à la décision d’une personne de demander des soins de santé.

Grâce aux connaissances que nous possédons sur le rôle que joue la culture dans la santé d’une personne, nous nous sommes concentrés sur la compréhension et la mise en œuvre de l’intelligence culturelle dans la prestation des soins.

Cette section aborde les sujets suivants:


Qu’est-ce que l’intelligence culturelle?

L’intelligence culturelle («compétence culturelle» dans la citation suivante) est « la capacité de comprendre et d’intégrer les valeurs, les croyances et les comportements d’une personne en matière de santé et de bien-être, façonnés par divers facteurs comme la race, l’ethnicité, la nationalité, la langue, le sexe, le statut socioéconomique, les capacités physiques et mentales; l’orientation sexuelle et la profession] dans la prestation et la structure du système de santé » [1].

La sensibilisation au contexte culturel et intersectionnel d’une personne permet aux cliniciens, aux médecins et à tous les fournisseurs de soins de santé de mieux comprendre le point de vue d’un patient sur la maladie et le traitement. Cela facilite l’utilisation de compétences et de stratégies pour élaborer et mettre en œuvre un plan de réadaptation qui offre les meilleurs résultats pour le patient [2].

Comment la culture joue-t-elle un rôle dans la réadaptation?

La culture d’une personne a une grande incidence sur la façon dont elle aborde les soins de santé, l’invalidité et la réadaptation. « Les gens de cultures différentes ont des attentes uniques quant à ce que signifie être malade ou avoir un handicap » [3]. Certaines cultures croient qu’une blessure est un acte de Dieu, tandis que d’autres croient qu’elle est le résultat d’une malédiction par un ennemi [4].

Les croyances culturelles relatives au traitement ont également une incidence sur le processus de réadaptation. De nombreuses cultures ont des méthodes traditionnelles de guérison qui sont mal comprises ou ne sont pas reconnues par les autres. En comprenant les croyances, les valeurs et les attentes d’un patient, il est possible d’« améliorer les motivations de traitement et les résultats de la réadaptation » [5].

Pour qu’un fournisseur de soins de santé ou de services réussisse dans cet aspect des soins, il doit s’engager à développer son intelligence culturelle.

L’intelligence culturelle commence par la sensibilisation et la connaissance

Les fournisseurs de soins de santé peuvent renforcer leur intelligence culturelle en reconnaissant et en faisant l’inventaire de leurs valeurs culturelles, de leurs attitudes et de leurs préjugés potentiels [6]. En réfléchissant à nos préjugés potentiels, nous pouvons mieux comprendre l’impact de notre culture sur notre compréhension et nos croyances de la maladie et de l’incapacité. L’intelligence culturelle est un processus permanent, acquis par l’éducation et les expériences vécues [7].

Poser les bonnes questions et chercher de l’information peuvent aider un travailleur de la santé à déterminer ce qui est important pour le patient. Cela permet non seulement de mieux comprendre le patient, mais aussi d’établir un lien de confiance entre les deux [8].

L’intelligence culturelle, ce n’est pas seulement s’éduquer soi-même, mais aussi éduquer le patient et sa famille sur la maladie et les options de traitement. « Fournir des connaissances adaptées et une psychoéducation sur les lésions cérébrales et la réadaptation aux minorités ethniques et à leurs familles pourrait être l’un des moyens les plus efficaces d’améliorer l’engagement dans le traitement et de réduire les disparités de résultats » [9].

En raison de croyances et d’interprétations différentes, il est important de s’assurer que le patient comprend quels sont les traitements disponibles et pourquoi ils sont suggérés ou appliqués. Cette éducation permet au patient d’être mieux informé et de prendre de meilleures décisions [10].

Il est également important que le professionnel de la santé écoute le patient et prenne le temps de comprendre ses préoccupations. L’intelligence culturelle comprend la prise en compte des antécédents d’une personne avec des obstacles systémiques et la confrontation de nos propres préjugés, pour s’assurer que l’expérience d’un patient n’en est pas affectée.

La communication

Une communication simple et efficace est essentielle pour développer la confiance et établir des relations [11]. Il peut y avoir de multiples obstacles à la communication, y compris la langue et l’alphabétisation. Les troubles cognitifs, les troubles de la vision, les troubles auditifs ou de la parole en sont d’autres exemples.

L’élimination des obstacles linguistiques et de communication a une incidence directe sur la confiance des patients et les résultats des soins de santé [12]. Cela peut comprendre la disponibilité d’interprètes, de traducteurs ou des documents en braille, avec des diagrammes ou de gros caractères.

Dans de nombreuses cultures, la famille et la collectivité ont une grande influence sur le processus décisionnel d’un patient et sur les résultats de sa réadaptation [13]. Ainsi, il est tout aussi important de communiquer avec la famille, les amis et les guérisseurs traditionnels si le patient le demande.

La communication efficace est également démontrée par l’écoute active. Il est essentiel d’écouter et de comprendre les objectifs de réadaptation du patient et ses interprétations du traitement, car ils peuvent être très différents du modèle de soins occidentalisé. La compétence culturelle comprend que la réadaptation n’est pas assurée au moyen d’un modèle de fournisseurs et de traitements; elle est adaptée à la personne, intégrant une combinaison de pratiques de soins de santé.

Plans de réadaptation individualisés

L’intelligence culturelle inclut la compréhension du fait que les expériences d’une personne et les définitions connexes des soins de santé peuvent être différentes de celles du fournisseur de soins. « La plupart des cultures ont des conceptions différentes de ce que signifie être malade ou handicapé, et il est donc probable que la réadaptation aura un aspect différent selon le contexte culturel » [14]. Il est important de comprendre que « le but d’une vie indépendante est un idéal occidentalisé et pourrait ne pas être le but ultime des minorités d’autres origines culturelles » [15].

L’intelligence culturelle permet au travailleur de la santé de poser les bonnes questions, de répondre à toute préoccupation et de concevoir un plan de traitement mutuellement convenu « comprenant des thérapies parallèles et complémentaires » [16], qui offriront tous le meilleur résultat pour le patient.

Une vaste gamme de thérapies peuvent être nécessaires dans le cadre d’un plan de réadaptation pour les lésions cérébrales. Il peut s’agir, entre autres, de médecins, de chirurgiens, de neurologues, d’ergothérapeutes, de physiothérapeutes, d’orthophonistes, de travailleurs de soutien en santé à domicile et de thérapeutes traditionnels. La collaboration et une communication claire entre les fournisseurs de soins de santé, le patient, les familles et tout autre membre de l’équipe de soutien sont essentielles pour obtenir les meilleurs résultats en matière de santé, en particulier dans les populations culturellement diversifiées.

L’intelligence culturelle est un processus continu d’apprentissage et de pratique. Comme la culture a une incidence directe sur les résultats en matière de réadaptation et de soins de santé d’un patient, il est impératif d’accroître ses connaissances, sa sensibilisation et ses compétences en communication pour développer la confiance et fournir les meilleurs soins possibles.


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