Je suis veuf, j’ai 69 ans, je suis directeur d’école à la retraite, violoniste classique et trompettiste, et j’ai conduit des motos pendant 55 ans avant mon accident. Il y a un an, alors que je roulais sur l’autoroute, j’ai percuté un camion qui avait grillé un arrêt en s’approchant de l’autoroute et en s’y engageant. J’ai eu les deux pieds et les deux poignets cassés, des côtes supérieures cassées, un poumon inférieur affaissé, une fracture du cou (non paralysante, Dieu merci) et une lésion axonale diffuse. J’ai toujours porté un équipement complet, des vêtements en cuir, un casque couvrant le visage, etc., sinon je serais mort. Les policiers et les ambulanciers présents sur les lieux de l’accident ne pensaient pas que je survivrais.
J’ai passé deux semaines aux soins intensifs, puis deux mois dans le service d’isolation pour lésions cérébrales traumatiques de l’hôpital (de toute façon, ce n’est pas comme si je me serais enfui avec deux pieds cassés!). Depuis mon retour à la maison, à la charge de mes enfants adultes, j’ai suivi des séances de kinésithérapie et je commencé à voir un conseiller en traumatologie/deuil.
Le pire, de loin, a été la lésion cérébrale axonale diffuse. Je n’ai pratiquement aucun souvenir (seulement quelques bribes, comme une photographie) du mois qui a précédé l’accident ni des deux mois qui ont suivi. J’ai toujours de gros problèmes de mémoire et j’ai l’impression d’être une personne « nouvelle » et différente aujourd’hui, avec un souvenir extrêmement limité des 68 premières années de ma vie.
L’espoir est le mot clé de ma vie. N’abandonnez jamais l’espoir d’une guérison… en faisant de petits pas, aussi rares soient-ils! En fait, je n’étais même pas censé être ici. Tout gain est un cadeau. Il est essentiel d’avoir un groupe de soignants authentiques pour vous soutenir, encourager, pousser et même simplement écouter avec compassion.
Je suis reconnaissant pour chaque battement de cœur, chaque minute, chaque jour, et surtout pour les personnes qui me sont chères et qui m’ont porté (au sens propre comme au sens figuré) tout au long de la dernière année. Sans eux, j’aurais très probablement été placé en institution pendant une période bien plus longue, et je pourrais encore m’y trouver.
J’ai toujours besoin de leur aide pour gérer mes médicaments, mes finances, toute forme de paperasse, et surtout mon calendrier et les quelques engagements que j’ai, qui me déconcertent et m’accablent encore.
J’ai commencé à écrire un livre (dont les profits seront versés à la recherche sur les lésions cérébrales) sur mon parcours, avec l’aide de mes enfants et fortement encouragée par mon conseiller. Il s’intitulera « What Happened to July » («Où est passé juillet ? »), une question qu’un autre survivant de lésion cérébrale et nouvel ami m’avait posée de manière rhétorique alors que nous étions tous les deux à l’hôpital de réadaptation. C’est l’un des rares souvenirs que j’ai de cette époque, et ça me fait rire parce que je n’avais et n’ai toujours pas de réponse !
L’espoir, les soignants, les professionnels de la santé, les objectifs et la recherche de contacts me viennent immédiatement à l’esprit comme étant essentiels pour aller de l’avant. Je pense qu’il en sera de même pour tous mes « collègues » (le terme que j’utilise pour désigner les autres survivants d’une lésion cérébrale). Nous sommes tous dans le même bateau !