Chloe S

Remarque : cette histoire fait référence à la violence.

Il est difficile de déterminer avec précision le moment où les lésions cérébrales se sont installées. Je suis née avec un cordon enroulé autour de la tête. Mes parents m’ont dit un jour qu’il y avait eu des complications et que j’avais eu de la chance. La blessure a entraîné une perte d’audition permanente (détectée lorsque j’avais 3 ans).

J’ai ensuite subi plusieurs commotions cérébrales au début de mon adolescence, dans le cadre de sports et de loisirs. J’étais intelligente et j’utilisais un casque. Mais je me souviens d’une fois où j’ai été poussée par un camarade en 7e année, à l’âge de 11 ans. Ma tête est entrée en contact avec un rebord métallique du tableau noir. Le coup soudain a transpercé la peau et j’ai été emmenée à l’hôpital, on m’a fait des points de suture et on m’a renvoyée chez moi. La commotion cérébrale a duré un certain temps.

J’ai continué à avoir des incidents malheureux où des lésions cérébrales mineures étaient considérées comme des bosses, mais c’est en 2008, à l’âge de 24 ans, que j’ai été attaquée une fois de plus. Cette fois, je n’allais pas me relever. Le 31 décembre 2008, alors que je me trouvais dans un pub de quartier avec mon partenaire de l’époque, deux inconnus ont décidé de m’attaquer pendant que je profitais de la soirée du Nouvel An. Les deux hommes sont sortis du coin de la pièce et m’ont donné plusieurs coups de poing au visage, me faisant tomber à la renverse. L’effondrement a malheureusement heurté l’arrière de ma tête, avant que je ne sois retrouvée sur le sol à côté du mur, à plusieurs mètres de l’incident.

J’ai été réveillée par mon partenaire, je ne sais pas combien de temps après. Les ambulanciers m’ont emmenée à l’hôpital. Les dommages causés par cet incident allaient être permanents et très graves. L’impact soudain sur l’œil gauche a sectionné mes nerfs optiques, et mon lobe occipital a été blessé par un coup à l’arrière de la tête sur une table de billard. À partir de ce moment, ma vue gauche allait baisser et je perdrais la capacité de voir d’un côté. Ce ne fut qu’une question de temps avant que le côté droit ne suive.

Quelles sont les choses qui vous ont aidée tout au long de votre parcours de rétablissement ?

Il m’a fallu beaucoup de temps pour m’adapter. Les lésions cérébrales ont un parcours de rétablissement très difficile, stressant et continu. Je n’ai pas eu le luxe de disposer de temps, de moyens financiers ou de systèmes de soutien qui me permettraient peut-être d’obtenir de meilleurs résultats, mais le fait de savoir que je peux m’en sortir seule a été au cœur de mon approche.

Je peux être très têtue, mais reconnaître qu’il y avait un problème fut la première étape pour développer des compétences nécessaires à la recherche d’une solution potentielle. Ensuite, patience et apprentissage. Comprendre ce qui m’arrive et ce que je pourrais faire pour aider les autres si je n’étais pas blessée.

Si vous pouviez revenir en arrière, au moment où vous avez subi votre lésion cérébrale, et vous dire une chose, quelle serait-elle ?

Que la route sera difficile. Avec beaucoup de batailles. Dont beaucoup que je ne gagnerai pas. Que j’aurai envie d’abandonner. Je détesterai tous ceux que je connais et que j’aimais. Et je finirai par me détester moi-même. Mais la vérité de la douleur et du sacrifice n’est pas d’abandonner, mais de grandir de l’intérieur. Qu’un sacrifice aussi important de la vie humaine n’est pas une conséquence. Que je ne suis pas en faute. Que parfois, de mauvaises choses arrivent à de bonnes personnes. Que je devrais faire confiance à mon instinct et à mon cœur honnête.

Qu’aimeriez-vous que les personnes qui ne souffrent pas d’une lésion cérébrale sachent ?

J’aimerais qu’ils sachent que les lésions cérébrales sont un sujet compliqué. Elles vous changent au fil du temps et le soutien qui accompagne cette manifestation n’est pas abordé dans un livre ou une salle de classe. Mais par de vraies personnes. Avec de vraies histoires. De vraies conversations. L’apprentissage des lésions cérébrales est la découverte de toute une vie pour l’humanité. Il n’y a pas de solution miracle. Il n’y a que du temps.

Pendant plus de 16 ans, j’ai été vétéran silencieuse, quelque part en première ligne, offrant du soutien aux investisseurs privés. J’ai une licence de sécurité. J’ai appris à tirer avec une arme de combat et des tactiques d’autodéfense, des arts martiaux et de la danse. J’ai suivi des cours d’éducation physique toute ma vie, ce qui m’a permis de garder la forme et de perdre plus de 250 livres au cours des dernières années. Ma carrière de cinéaste a impliqué beaucoup d’action, de travail à la caméra, de jeu d’acteur, de cascades, d’effets spéciaux et de longues heures de travail. J’ai eu l’honneur d’apprendre une pléthore de compétences à la fois mentalement engageantes et physiquement exigeantes qui m’ont aidée à continuer à me battre.

Mon rêve de participer aux Jeux olympiques ou paralympiques s’estompe. Je m’efforce en permanence de créer une base de diversité et d’espoir. Et le cauchemar stupéfiant qu’a été la tentative de traverser le Canada au cours des 28 dernières années n’a donné lieu qu’à un journal des écrits dont je me suis en quelque sorte surchargée.

Ma réussite la plus durable et la plus profitable à ce jour a été de me permettre d’être honnête avec le monde, même s’il est cruel. En 2021, j’ai révélé au monde des médias sociaux que j’étais transgenre et intersexuée et fière de l’être. Je suis différente et je m’oppose aux intimidations et à l’injustice. Le monde est cruel, mais il n’est pas impossible à défendre. Mon combat pour la diversité et l’inclusion ne me rend pas impuissante.

Voici une partie de mon histoire. Merci de m’avoir écoutée.