Attention : le texte suivant contient des références à la violence armée.
Le 25 septembre 1989, à l’âge de 16 ans, j’ai reçu une balle dans le cervelet avec une carabine 22 chargée d’une cartouche à champignon. Mes souvenirs de ce matin-là ne sont pas tout à fait clairs. Je me souviens d’avoir été dehors dans la cour de la maison d’été de mes parents. J’étais avec un ami. La première chose dont je me souviens, c’est que je tombais face contre terre. J’ai dû perdre connaissance à partir de ce moment-là, car je ne me souviens que d’une partie du trajet en ambulance et de l’accompagnateur qui essayait de me maintenir éveillé. 4 semaines plus tard, je suis sorti du coma et j’ai appris qu’on m’avait tiré une balle dans la tête.
C’était un défi – ma vie a pratiquement recommencé à zéro. J’ai dû tout réapprendre. Lire, écrire, essayer de marcher, nager sans équilibre. Enfant, je jouais de la batterie. Ne plus pouvoir le faire physiquement a été un défi mental, mais j’ai continué à essayer et je le fais encore. On ne peut pas abandonner. Mon neurologue et ma famille, en particulier ma mère, n’ont jamais abandonné. Ils m’ont poussé à faire des choses que je ne voulais pas faire. Mes parents, ma famille et mes amis m’ont soutenu. Cependant, je me suis peu à peu éloigné de mes amis et je me suis isolé pour rester pratiquement tout le temps à la maison ou avec mes parents, si bien que mes amis ont fini par s’éloigner.
J’ai un handicap caché. Cela ne se voit peut-être pas, mais la vie n’est pas facile pour moi. Tout ce que j’ai accompli dans la vie ou que je continue d’accomplir est le fruit d’un travail acharné et d’un dévouement sans faille. J’ai une sensation de brûlure dans la tête qui n’a jamais disparu. J’ai dû apprendre à lire, à écrire et à marcher après mon accident, alors parfois je ne fais pas les choses de manière traditionnelle et j’ai besoin de plus de temps pour lire. Je dois constamment réfléchir et planifier pour accomplir une tâche aussi simple que marcher, car j’ai un mauvais équilibre. Je ne montre peut-être pas mes émotions, mais je les ressens. Cela ne veut pas dire que je ne peux rien faire. Cela me ralentit parfois, mais je peux le faire aussi bien, voire mieux, que d’autres. J’ai toujours eu l’impression que les gens me traiteraient différemment ou me stéréotyperaient si je parlais de mon handicap caché, et j’ai donc choisi de ne pas le faire. Cela m’a probablement fait perdre des opportunités d’emploi. Je veux toujours accomplir les choses par moi-même. Ma femme me dit que j’ai un côté têtu.
Après avoir tenté ma chance dans une petite entreprise et occupé de nombreux emplois gratifiants, notamment en tant que pompier volontaire et chef du Sceau rouge, je suis actuellement maître/spécialiste du sauvetage et je gravis les échelons au sein de la Garde côtière canadienne.
J’espère que ma vie pourra servir d’exemple à d’autres personnes vivant avec un handicap.