Je m’appelle Cindy M, et je vis avec les effets d’une commotion cérébrale depuis septembre 2015. Je vous présenterai mon expérience non pas pour vous faire peur, mais pour que vous sachiez que ce que vous vivez est normal, si vous êtes dans la même situation.
Je quittais le travail pour la journée. Je travaillais comme facteur à Postes Canada. La porte du quai de chargement était laissée ouverte aux trois quarts. Je cherchais mes clés dans mon sac et, lorsque je levai la tête, je cognai la barre d’acier au bas de la porte du quai.
Je me souviens d’une douleur atroce, d’une noirceur et de m’être pliée en position accroupie. Je me suis fendu le nez et le côté gauche de mon front était très enflé. J’ai aussi réussi à me coincer la mâchoire de telle façon que j’ai relâché mes deux dents avant.
J’ai eu la chance que l’un de mes superviseurs connaissait bien les commotions cérébrales. Un autre superviseur m’a accompagnée à l’hôpital, mais il a dû aller chercher son enfant avant qu’un médecin me voit. Je ne saurais trop insister sur l’importance d’avoir quelqu’un qui attende avec vous et qui s’assure que tout soit bien vérifié, et pose des questions sur ce à quoi s’attendre, quelles ressources peuvent aider et ce qu’il faut surveiller après que la personne ayant subi une commotion cérébrale ait quitté l’hôpital. Le médecin urgentiste soupçonnait que j’avais eu une commotion cérébrale. Je me souviens qu’il m’avait dit que je ne devais pas conduire, mais pendant combien de temps, je ne m’en souvenais plus.
Il est encore très émouvant pour moi de me penser à cette journée, car ma vie a beaucoup changé depuis. Honnêtement, je ne me souviens que du tout début de ma blessure. Les mois qui ont suivi semblent s’être évanouis.
J’avais beaucoup de mal à faire face aux bruits, aux lumières, aux foules et aux gens. J’étais fatiguée tout le temps et j’étais plus qu’irritable avec les plus petites choses. Ma mémoire à court terme était plutôt inexistante. Je détestais parler au téléphone et c’était tellement frustrant qu’on me demande constamment comment j’allais parce qu’il y avait tellement de choses qui m’arrivaient que je ne pouvais pas savoir exactement ce que je ressentais.
Ma cousine, à qui j’en suis si reconnaissante, est venue m’aider pendant une semaine et s’est occupée de ma fille. Je ne me souviens même pas de ce qu’elle a fait, à part me laisser dormir. Des mois plus tard, je me suis dit que tout irait bien rapidement. Mais ce n’était pas le cas et j’avais peur de penser que j’allais subir une commotion cérébrale pendant longtemps. J’ai commencé à faire des recherches sur Google sur les signes et les symptômes, et j’en avais tellement. J’ai senti un soulagement à l’idée que ce que je ressentais faisait partie intégrante d’une commotion cérébrale.
J’ai consulté un physiothérapeute qui m’a aidée à faire le suivi des choses, car mes yeux et mon cerveau ne s’alignaient tout simplement pas et ça me donnait des nausées. Les exercices pour le cerveau qu’on m’a donnés me fatiguaient tellement que je faisais des siestes pendant des heures après. L’un des symptômes les plus difficiles pour moi a été ma perte de mémoire. Tout le monde remarquait que lorsque je disais quelque chose, deux minutes plus tard, j’oubliais. Utiliser des feuillets autoadhésifs m’a beaucoup aidée à me souvenir des choses. Un autre symptôme très frustrant – qui persiste encore, quatre ans plus tard – est d’avoir un mot sur le bout de ma langue et ne pas être capable de le trouver. Je me souviens de la version longue ou différente du mot et j’utilise un dictionnaire de synonymes pour trouver le bon mot. J’espère que cela s’améliore avec le temps.
J’ai fini par retourner au travail. Je suis massothérapeute agréée depuis 2002 et je travaillais à temps partiel lorsque je travaillais pour Postes Canada. J’y ai été employée temporaire pendant sept ans, et j’ai pris un congé de trois mois après ma commotion cérébrale, car si je prenais plus de temps, j’aurais perdu mon ancienneté. Je ne fonctionnais pas à 100 % de façon optimale mais je n’étais pas capable de négocier un congé plus long, alors je suis retournée au travail et j’ai fini par me faire une grave entorse à la cheville. Je savais que j’avais besoin de plus de temps pour guérir et que le fait de travailler à Postes Canada n’allait pas le faciliter, alors j’ai décidé d’ouvrir une clinique de massage et j’ai remis ma démission en octobre 2016. J’aurais dû me battre plus fort, mais je n’avais personne pour m’aider. J’avais repris le travail, mais cette période de moins d’un an est un énorme vide et je ne me souviens pas des petits détails.
J’utilise beaucoup de stratégies d’adaptation, comme les feuillets autoadhésifs et le dictionnaire de synonymes. Une autre stratégie d’adaptation consiste à faire savoir à tous ceux que je connais bien que j’ai subi une commotion cérébrale, ce qui fait que les choses ne fonctionnent pas aussi bien dans mon cerveau qu’auparavant. J’ai aussi vu un physiothérapeute axé sur les commotions cérébrales qui a travaillé sur le suivi de mon cerveau, mes yeux, mon équilibre et ma coordination oculo-manuelle.
Cela m’a fait comprendre que j’étais « normale » à avoir les symptômes que je subissais. La stratégie la plus utile, c’est d’être patiente avec moi-même, ce qui n’a pas toujours été le cas. Je ne suis plus qui j’étais. Mon cerveau ne fonctionne pas de la même façon, même s’il s’améliore, mais si j’oublie quelque chose ou si je ne peux plus faire de montagnes russes avec ma fille, c’est mon mode de vie et je l’accepte.
Le temps aide à guérir. Soyez patient avec vous-même et soyez ouvert avec les autres à propos de vos défis, pour qu’ils puissent vous aider. Prenez toujours soin de vous.