Les cinq années précédant ma lésion cérébrale avaient été extraordinaires : j’avais trouvé mon cercle d’amis, je voyageais beaucoup avec mon mari et j’adorais mon travail. J’avais couru des marathons, je faisais de la randonnée tous les jours et j’avais un mode de vie très actif.
Comme j’étais très active, l’histoire de ma lésion cérébrale n’est pas celle à laquelle on pourrait s’attendre. En octobre 2019, alors que je faisais le ménage, j’ai heurté le haut de ma tête contre un coffre-fort encastré dans le mur. En fait, ma tête a manqué de peu un clou qui sortait, alors je suis reconnaissante d’être en vie.
J’ai tout de suite su que quelque chose n’allait pas, mais comme j’avais déjà eu une commotion cérébrale, j’ai pensé que je me sentirais mieux dans quelques jours. J’avais l’habitude de me surpasser pour accomplir mes buts, alors j’ai pensé que je pourrais me surpasser cette fois-ci aussi. Je me suis trompée. Je n’arrivais pas à dormir, j’avais d’horribles migraines, je n’avais plus d’appétit, j’étais très anxieuse et j’avais commencé à avoir des vertiges, comme si ma tête était déconnectée de mon corps. J’en suis arrivée au point où je ne pouvais plus marcher sans supports ou pendant plus de quelques minutes sans me sentir complètement épuisée. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de consulter un spécialiste des commotions cérébrales.
Le spécialiste des commotions cérébrales que j’ai consulté était vraiment patient et bien informé. Il m’a orientée vers de nombreux autres spécialistes – un thérapeute vestibulaire, un psychologue du sport, un acupuncteur, un ostéopathe et un naturopathe – qui m’ont tous grandement aidée à me rétablir. Je me rendais à mes rendez-vous presque tous les jours et je faisais de la réadaptation vestibulaire plusieurs fois par jour. 5 mois après, le monde s’est arrêté à cause de la Covid-19, et je n’ai pas pu continuer la plupart de mes traitements. Je me souviens d’avoir eu tellement peur de ne jamais me rétablir et de ne pas pouvoir reprendre ma vie.
En tout, il m’a fallu près d’un an pour recommencer à fonctionner comme avant ma lésion cérébrale. Quelques mois après mon retour à la vie quotidienne, je suis tombée enceinte et j’ai accouché en juin de l’année suivante. Six mois après l’accouchement, mes symptômes sont réapparus avec force. J’ai donc dû tout recommencer, avec un enfant de six mois. Dieu merci, j’ai un partenaire extraordinaire qui a assumé presque toutes les tâches d’une nouvelle mère à ma place, puisque je ne pouvais pas le faire. Honnêtement, je me suis sentie privée de nombreuses ‘premières’ avec mon enfant: ses premiers mots, ses premiers pas et le fait de profiter de sa première année de vie. La deuxième fois, il m’a fallu 8 mois de traitement quotidien pour me rétablir. Je n’ai toujours pas l’esprit aussi vif qu’avant et je porte en moi le traumatisme de la blessure et de la convalescence. Cependant, chaque jour, je m’en débarrasse un peu en me montrant que je suis tout aussi capable qu’avant. Cette expérience m’a appris à être plus reconnaissante pour ma vie et les gens qui en font partie. Je suis devenue un être humain plus compatissant, plus gentil et plus attentionné envers les personnes souffrant de handicaps invisibles, car j’en ai moi-même souffert.
Ce qui m’a le plus aidée tout au long de mon rétablissement, c’est le soutien de ma famille et de mes amis, qui n’ont jamais abandonné, même lorsque les choses devenaient difficiles. Ceux qui m’ont soutenue représentaient énormément pour moi et le représentent toujours. Les amis qui s’arrêtaient pour de courtes visites afin d’égayer une peu ma journée, ceux qui m’apportaient des repas et ceux qui appelaient fréquemment pour prendre des nouvelles m’ont aidée à surmonter tout cela. Il y a aussi tant de professionnels de la santé qui ont fait des pieds et des mains pour m’aider et m’encourager lorsque je ne voyais pas le bout du tunnel. Ma médecin de famille a été très patiente avec moi, et chaque fois que nous avons essayé un nouvel antidépresseur et que j’ai eu des convulsions (nous avons découvert que j’étais allergique à ces médicaments), elle a fait preuve de toute la diligence nécessaire pour me donner les meilleurs traitements disponibles. Ma naturopathe m’a administré des perfusions de vitamines supplémentaires et de glutathion, et m’a fourni les meilleurs substituts de repas possibles. Mon chiropracteur fonctionnel a pris beaucoup de temps avec moi et m’a évaluée fréquemment pour s’assurer que les traitements vestibulaires ciblaient les zones appropriées de mon cerveau et de mon système vestibulaire afin de maximiser la récupération. Mon acupunctrice a fait de son mieux pour calmer mes nerfs et mon corps lorsque mon cerveau n’y parvenait pas. D’autres personnes ayant subi des lésions cérébrales m’ont également aidée en m’encourageant, en partageant leur histoire avec moi et en prenant fréquemment de mes nouvelles pour savoir comment j’allais. Cela a fait toute la différence.
Les choses que je me dirais après ma lésion cérébrale sont les suivantes :
- Fais confiance aux professionnels.
- Tu es entre les mains de gens qui veulent aider.
- Demande de l’aide quand tu en as besoin. N’aie pas peur.
- On a besoin des autres.
- Aie la foi que tout arrive dans un but précis.
- Repose-toi! Il est difficile d’éteindre son cerveau, mais c’est tellement nécessaire !
Les personnes qui ont subi une lésion cérébrale vivent des circonstances très différentes des vôtres. Elles se comparent constamment à ce qu’elles étaient auparavant et font de leur mieux pour revenir à la normale, quelle qu’elle soit pour elles. Soyez patient et prudent avec eux. Écoutez ce qu’ils ont à dire et ne discréditez pas leur expérience ou leurs émotions. Essayez de ne pas juger ce qu’ils vivent. La meilleure chose que vous puissiez faire est de leur tendre la main et de la saisir même lorsqu’ils sont trop faibles pour le demander.
Ce que j’aimerais que tous ceux qui lisent cette histoire retiennent, c’est que même si votre vie est différente après une lésion cérébrale, vous pouvez la rebâtir pour qu’elle redevienne quelque chose d’extraordinaire. Cela demandera du travail, mais vous en serez tellement reconnaissant une fois que vous y serez parvenu. Ayez de l’espoir et surmontez vos peurs. Vous ne saurez jamais à quel point vous êtes fort tant que vous n’aurez pas essayé. La force est essentielle à votre survie. Vous y arriverez à votre manière et en temps voulu. Et un jour, vous regarderez en arrière et serez reconnaissant pour tout ce que cela vous aura permis de découvrir sur vous-même, sur vos capacités et sur l’amour infatigable des personnes qui sont à vos côtés.