Il y a onze ans, en février 2013, j’ai eu un accident de voiture. Il me semble toujours important de mentionner que ce n’était pas de ma faute !
J’ai la chance que mes symptômes, même s’ils persistent, n’aient jamais été aussi difficiles que pour d’autres personnes. Cela me permet de continuer à travailler à temps partiel, ce qui est bénéfique pour ma santé mentale et mes finances. J’ai également la chance d’être syndiquée, ce qui me permet de bénéficier de congés de maladie et d’autres avantages. Et, comme nous tous, j’ai la chance d’être Canadienne. J’ai bénéficié d’un soutien extraordinaire de la part de l’assurance-maladie.
Dès le début, les personnel compétent du centre de réadaptation GF Strong de Vancouver m’ont encouragée à adopter la pleine conscience comme moyen de gérer les nombreux facteurs de stress associés aux lésions cérébrales. J’ai maintenant une pratique quotidienne de la pleine conscience qui m’attrape comme un filet chaque fois que les choses se gâtent dans ma vie. J’aime l’autocompassion, la pleine conscience dans la nature, les longues respirations lentes et profondes qui calment mon système nerveux en ébullition, le yoga doux, l’alimentation consciente et le thé, ainsi que les pratiques de joie et de gratitude qui me rappellent la beauté qui m’entoure, même les jours où je me sens submergée par tout cela.
Je suis profondément reconnaissante d’avoir reçu une prescription de « pleine conscience », mais j’aurais aimé qu’elle soit accompagnée d’un avertissement. Certaines formes de pleine conscience étaient trop cognitives et donc fatigantes pour mon cerveau. D’autres étaient trop effrayantes au début parce qu’elles me demandaient de prêter une attention si intime à mon corps, à une époque où mon corps déconfit était une chose effrayante sur laquelle se concentrer. Avec le temps, j’ai appris à modifier ces pratiques pour répondre à mes propres besoins. J’ai découvert que j’étais sur la bonne voie et j’ai voulu partager avec d’autres les leçons que j’avais durement apprises. Je suis devenue une enseignante qualifiée de la pleine conscience par l’intermédiaire du Centre for Mindfulness de l’Université de Californie. J’ai fondé Mindful Concussion, afin de pouvoir enseigner à d’autres survivants les bienfaits de la pleine conscience modifiée. J’ai également eu de la chance, car mon professeur de pleine conscience m’a guidée et m’a encouragée à écrire comment j’ai transformé un mal en bien. Je suis en train d’écrire mon livre intitulé « Mindful Concussion : The Power and the Perils of Mindfulness for Brain Injury » (La puissance et les dangers de la pleine conscience pour les lésions cérébrales).
J’espère que mon enseignement et mes écrits se répandront de mon cœur à travers le pays (et le monde!) afin que les autres survivants puissent apprendre de mon vécu et mes épreuves. Je veux que les survivants sachent qu’ils n’ont pas besoin de suivre leurs pensées dans le gouffre des regrets du passé et des inquiétudes de l’avenir. Ils peuvent apprendre à goûter la douceur de l’esprit présent.
Si je pouvais revenir aux premiers jours, je me dirais ceci : ‘Ce ne sera pas une mince affaire. Il y aura beaucoup d’épreuves et de tribulations sur le chemin. Mais il y aura aussi beaucoup de joie et d’allégresse!’ À bien des égards, je suis en meilleure santé qu’avant mon accident de voiture. Mon « bouton d’annulation » est cassé. Au début, j’ai eu beaucoup de mal à accepter que je ne pouvais pas continuer à être aussi occupée, ou à vivre la vie en roue de hamster, comme notre culture nous l’impose. En fait, j’ai été tellement soulagée de devoir sortir de cette roue de hamster. J’ai appris à méditer, à faire de longues et belles promenades dans la nature, à me ménager, à gérer le stress et à dire non. Ce n’est pas la vie que j’avais imaginée, et j’aurais aimé ne pas avoir de symptômes permanents, mais c’est, d’une certaine manière, la vie au rythme plus lent dont j’ai toujours rêvé.
Je comprends qu’il soit difficile pour les autres de comprendre pourquoi nous sommes si réactifs et émotifs, pourquoi nous sommes si sensibles à la lumière et au bruit, pourquoi nous nous fatiguons si facilement, pourquoi certains jours nous pouvons en faire plus et d’autres moins. C’est déroutant, je le sais.
Il est très difficile d’être confronté à ces défis et d’avoir parfois l’impression que les gens pensent que nous mentons, que nous trichons ou que nous inventons. Même si vous ne comprenez pas, croyez que nous disons la vérité. Par exemple : baissez la musique, baissez les lumières si nous disons qu’elles sont trop fortes !
Jessie a inclus un lien vers son site web si vous souhaitez en savoir plus sur elle (en anglais).