Perte de vision

Les changements au niveau de la vue sont l’un des effets des lésions cérébrales qui affectent le plus notre vie quotidienne. La plupart d’entre nous sommes dépendants de notre vue, ce qui rend les changements ou la perte de vision effrayants et difficiles. Le changement ou la perte de vision peuvent aussi engendrer la dépression, le deuil et la colère.

Les personnes affectées par ces changements devront travailler avec des spécialistes comme des neurologues et des optométristes pour déterminer si les déficits de vision sont temporaires ou permanents. Comme le rétablissement prend beaucoup de temps, il peut s’écouler un certain temps avant que l’équipe médicale puisse déterminer quels déficits de vision sont temporaires et lesquels sont permanents.

Si la perte de vision de la personne est de longue durée ou permanente, l’ophtalmologiste ou l’optométriste peut recommander des verres correcteurs, des lunettes ou une intervention chirurgicale. Quel que soit le type de problème de vision que vit votre ami ou un membre de votre famille, il devra apprendre de nouvelles façons d’accomplir des tâches et des mécanismes d’adaptation pour l’aider à s’adapter à sa nouvelle situation. Il pourrait s’agir de travailler avec un ergothérapeute pour adapter son environnement familial et l’aider à accomplir les activités de la vie quotidienne de la façon la plus autonome possible. Ils peuvent aussi envisager de rencontrer un optométriste qui peut leur enseigner comment maintenir leur vision restante et l’utiliser.

Dans votre rôle de soignant, vous devrez peut-être aider la personne à se déplacer dans l’environnement familial, à apprendre des méthodes d’adaptation ou à accomplir des tâches qu’elle ne peut plus faire.

Cette section aborde les sujets suivants :


Comment le cerveau contrôle-t-il la vision?

Pour que notre vision fonctionne correctement, notre cerveau doit pouvoir accomplir les fonctions suivantes :

  • Les yeux doivent bouger ensemble et se concentrer sur les objets.
  • Les récepteurs nerveux à l’arrière de l’œil (la rétine) doivent ensuite envoyer des messages le long du nerf optique.
  • Le lobe occipital à l’arrière du cerveau doit capter ces messages.

Le lobe occipital est la zone du cerveau qui a le plus de contrôle sur la vision. Il traite les images que nous voyons, y compris les motifs, les formes et les couleurs. Les dommages au lobe occipital peuvent causer divers problèmes de vision, y compris la cécité.

Les autres zones du cerveau qui contribuent au fonctionnement de la vision sont le lobe pariétal et le lobe frontal. Le lobe pariétal nous aide à nous déplacer, à percevoir la profondeur et à nous déplacer autour des objets. Le lobe frontal est la partie décisionnelle du cerveau : il décide comment répondre aux informations fournies par d’autres lobes. Bien que ces lobes ne contrôlent pas autant notre vision que le lobe occipital, ils jouent tout de même un rôle dans l’analyse et la réaction correctes à ce que nous voyons. Les dommages causés à ces lobes pourraient entraîner des changements de vision.

Problèmes de vision après une lésion cérébrale

Vision floue
Lorsqu’il y a des dommages au cortex visuel du cerveau ou à l’œil et aux récepteurs nerveux, la vision peut devenir floue. C’est aussi ce qu’on appelle la perte d’acuité visuelle et cela ressemble à ce que ressentent les gens qui ont besoin de lunettes. Par exemple, la vision peut ressembler à celle d’une personne myope; les objets rapprochés sont clairs et faciles à voir, tandis que les objets plus éloignés seront flous.

Le traitement de la vision floue dépend du degré de perte de vision subie. Dans certains cas, des lunettes ou une intervention chirurgicale peuvent aider à corriger le problème. On doit travailler avec un optométriste pour déterminer le meilleur traitement.

La vision floue est aussi un effet secondaire de la fatigue, qui est courante après une lésion cérébrale. Si on commence à être fatigué ou à regarder quelque chose trop longtemps, les objets peuvent devenir flous, et on peut avoir mal aux yeux ou à la tête. Dans ce cas, les lunettes de correction peuvent ne pas être utiles. On devrait essayer de se reposer les yeux et de prendre des pauses pendant des activités comme la lecture ou l’utilisation d’écrans.

La sensibilité à la lumière
Aussi appelée photophobie ou photosensibilité, la sensibilité à la lumière implique la difficulté à s’adapter aux changements d’éclairage et à composer avec des lumières brillantes comme les ampoules fluorescentes ou la lumière du soleil.

Voici quelques conseils qui peuvent aider une personne sensible à la lumière :

  • Porter des lunettes de soleil teintées pour réduire la lumière et l’éblouissement
  • Installer un éclairage approprié à la maison et au travail qui a peu d’impact sur les yeux et le cerveau
  • Éviter d’utiliser des appareils à écran, à moins qu’ils aient un rétroéclairage et un contraste adéquats. L’utilisation d’un écran dans l’obscurité peut être difficile pour les yeux en général et particulièrement pour ceux qui sont sensibles à la lumière.
La vision double après une lésion cérébrale
La vision double (aussi appelée diplopie) se produit lorsque les yeux ne bougent pas exactement ensemble, ce qui amène la personne à voir double. Il est donc difficile de déterminer exactement où se trouvent les objets ; une personne à vision double risque de se heurter à des meubles, de  renverser ou de faire tomber des objets. Elle peut être désorientée et avoir des étourdissements ou des nausées.

Si votre proche ou ami ont une vision double, on pourrait leur prescrire un patch oculaire ou des lunettes avec des lentilles prismatiques. Afin de réduire le risque de collision avec des objets, les articles comme les meubles doivent rester au même endroit et ne pas être déplacés. Ils peuvent aussi essayer des gouttes ophtalmiques s’ils ont les yeux secs. Parfois, la sécheresse cause de la fatigue qui, à son tour, peut causer une vision double. Quelle que soit la cause de la vision double, on doit consulter un ophtalmologiste ou un optométriste si on en souffrent.

Une paupière affaissée
Une paupière affaissée (aussi appelée ptose) peut bloquer la vision dans l’œil touché. Cela change la façon dont la personne voit, et il peut s’écouler un certain temps avant que sa vision s’ajuste, même si l’affaissement est temporaire.

Il est difficile d’évaluer les distances avec un seul œil. On peut éprouver des problèmes tels :

  • Des étourdissements
  • L’incapacité de percevoir certains objets
  • Ne pas savoir à quelle vitesse les objets se déplacent vers eux ou à quelle distance ils sont réellement
  • Avoir de la difficulté à verser

Les paupières affaissées peuvent parfois être traitées par des lunettes spéciales ou une intervention chirurgicale.

La perte de vision
Après une lésion cérébrale, il peut arriver que l’on perde la vue, partiellement ou totalement, de manière temporaire ou permanente. La perte de la vue est extrêmement difficile à gérer, et la personne affectée devra y adapter sa vie quotidienne. Ces adaptations sont exigeantes sur les plans émotionnel et mental et peuvent avoir une incidence sur le bien-être global du survivant.

Notre vision est divisée en champs. Une bonne analogie de notre œil est une tarte, dont chaque tranche est un champ de vision. Vous pouvez perdre des tranches de la tarte, mais en conserver d’autres: autrement dit, vous avez une vision partielle. Le type de perte de vision que vous subissez dépend des morceaux de tarte perdus. Les types de perte de vision associés aux lésions cérébrales comprennent l’hémanopie, la quadranopsie et la perte visuelle monoculaire complète.

L’hémanopie est la cécité qui touche la moitié du champ visuel des deux yeux, ce qui signifie que la personne a seulement 50 % de vision dans chaque œil. Selon la partie du cerveau qui est endommagée, cela pourrait mener à une vision du même côté de chaque œil (par exemple, du côté gauche de chaque oeil) ou des côtés différents (on pourrait garder la vision du côté droit dans l’œil droit et du côté gauche dans l’œil gauche) [1]. On pourrait aussi garder la vision dans la partie supérieure de leur œil, mais pas dans la partie inférieure – c’est un exemple de cécité partielle.

La quadranopsie ressemble à l’hémanopie, sauf qu’au lieu de perdre 50 % de la vision, on en perd 25 %. La quadranopsie est aussi classée comme une cécité partielle. D’autres exemples de cécité partielle incluent la perte de vue périphérique ou la perte de vue du centre vers l’extérieur de l’œil [2].

Parfois, des personnes atteintes de cécité partielle conserveront différentes parties de leur vision. Lorsqu’une personne subit une perte de vue partielle, elle peut faire face à certains des défis :

  • Percevoir des objets qui semblent apparaître ou disparaître soudainement; cela arrive parce que les personnes affectées ne peuvent pas voir certaines parties de leur environnement.
  • Se heurter à des objets, du côté affecté
  • Ne pas voir de nourriture dans son assiette, du côté affecté
  • Tourner la tête vers le côté non affecté
  • Perdre le fil de la lecture ou de l’écriture, sur une page
  • Couper les mots en deux, lors de la lecture, ce qui peut en rendre difficile la compréhension

Cécité au sens de la loi

Dans la définition fournie par l’Institut national canadien pour les aveugles (INCA), la cécité au sens de la loi est un niveau de cécité qui a été défini par la loi pour limiter certaines activités pour des raisons de sécurité, comme la conduite automobile, ou pour déterminer l’admissibilité aux programmes et aux prestations du gouvernement liés à l’invalidité [3]. Une personne est considérée comme aveugle au sens de la loi dans les cas suivants :

  • Son acuité visuelle est de 20/200 (ou 6/60) ou moins dans les deux yeux après correction, et/ou
  • Son champ visuel est de 20 degrés ou moins

Cela veut dire que la personne affectée voit très peu ou pas du tout.

Maux de tête et douleurs oculaires

Certains effets des lésions cérébrales, y compris les problèmes de vision, peuvent entraîner des maux de tête et des douleurs oculaires, notamment des sensations de sécheresse, de douleur et de démangeaisons. Les muscles autour des yeux peuvent être douloureux. On peut aussi éprouver des maux de tête liés aux problèmes de vision lorsqu’on essaie de se concentrer sur un objet ou une tâche.

Les maux de tête peuvent être traités par des médicaments (avec modération). Si l’un de vos amis ou proches souffrent de douleurs oculaires, ils doivent parler à leur optométriste ou à un autre membre de l’équipe médicale. Pour obtenir des solutions à domicile, ils peuvent essayer les suggestions suivantes :

  • Prendre des pauses les yeux fermés
  • Ajuster l’éclairage dans la maison
  • Utiliser des solutions salines ou lacrymogènes pour la sécheresse et les démangeaisons des yeux

Retour au travail avec des changements de vision

Si la personne désire travailler, il est possible de trouver un emploi ou d’utiliser des adaptations qui rendent possible le travail, avec perte de vision.


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