Effets cognitifs
Les personnes ayant subi des lésions cérébrales acquises souffrent de déficiences cognitives dont les effets peuvent durer le restant de leur vie.
Cette section aborde les sujets suivants:
Changements des capacités cognitives
- L’attention et de la concentration
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L’attention, c’est la capacité de se concentrer sur quelque chose. Il y a plusieurs types d’attention, notamment:
- L’attention sélective (focalisée) : C’est la capacité d’ignorer les distractions. Par exemple, il peut être impossible de se concentrer lorsque plusieurs personnes parlent en même temps ou être facilement distrait en conduisant. D’autres exemples quotidiens incluent le fait d’oublier ce que vous étiez allé chercher dans la chambre à coucher ou avoir de la difficulté à préparer un repas.
- L’attention soutenue : C’est la durée pendant laquelle vous pouvez vous concentrer sur une activité ou une tâche. L’attention soutenue dépend de facteurs comme la tâche elle-même, la fatigue et les distractions environnantes.
- L’attention spatiale : Il s’agit de votre capacité d’être conscient et de prêter attention, dans des endroits précis.
- L’attention en alternance (partagée) : C’est le type d’attention qui vous permet de passer d’une tâche à une autre sans perdre de vue ce que vous étiez en train de faire, et de suivre plusieurs choses en même temps. Cela peut être difficile à faire après une lésion cérébrale.
- La capacité d’attention ('mémoire de travail') : Il s’agit de la quantité d’information que vous pouvez traiter en même temps, sans être surchargé, ainsi que de votre capacité d’utiliser cette information. Par exemple, l’adulte moyen peut entendre et répéter un numéro de téléphone à sept chiffres, mais ne s’en souvient habituellement pas cinq minutes plus tard. Après une lésion cérébrale, il se peut que vous ne puissiez pas traiter autant d’information qu’auparavant.
- La mémoire prospective: C’est la capacité de planifier, maintenir et se souvenir d’une idée, telle que vous l’avez conçue. Par exemple, si vous devez faire une course, vous devez prévoir de vous arrêter au magasin, ne pas oublier de le faire et ensuite de faire votre course. Cela peut être difficile pour une personne ayant subi une lésion cérébrale acquise, parce que la planification peut lui être difficile.
Les changements au niveau de l’attention après une lésion cérébrale peuvent rendre difficile le fait de suivre une conversation ou de travailler. Ces changements peuvent aussi rendre non-sécuritaires le fait de cuisiner ou de conduire. Pendant les premières étapes du rétablissement, vous pourriez ne pas être suffisamment alerte pour communiquer ou être pleinement conscient de votre environnement. Si vous arrivez à vous concentrer sur quelque chose, ce ne sera peut-être que pour une courte durée.
Parfois, un petit détail ou une mauvaise information peut vous distraire. Ces distractions peuvent être internes : par exemple, vous pourriez être distrait parce que vous devez aller aux toilettes. La distraction peut être externe aussi : lorsque vous parlez, votre attention peut être portée sur le ton de la voix ou les vêtements d’une personne plutôt que sur ce qu’elle dit. Il se peut aussi que vous prêtiez attention, en même temps, à la conversation, à votre apparence, au bruit de la rue et à d’autres activités se déroulant dans la pièce.
Si vous ne pouvez pas vous concentrer, il est difficile de terminer une tâche. Vous savez peut-être ce que vous devez faire, mais vous avez de la difficulté à suivre. Nous avons tous de la difficulté à nous concentrer, surtout lorsque nous sommes fatigués ou que nous ne nous sentons pas bien. Pour les personnes ayant subi une lésion cérébrale, il peut être tellement difficile de porter attention ou de se concentrer que des tâches des plus simples, comme se laver les mains ou s’habiller, deviennent des défis.
Conseils pour faciliter la concentration et l’attention
- Demandez à vos interlocuteurs de se répéter et de diviser la conversation en petites parties, ce qui vous aidera à en intégrer l’information.
- Divisez les tâches en petites étapes
- Participez à des passe-temps ou à des activités que vous aimez et que vous pouvez faire. Les jeux de cartes, les casse-têtes et la lecture aident à développer la concentration tout en étant divertissants.
- Les personnes qui ont de la difficulté à se concentrer peuvent se fatiguer rapidement. Prenez de courtes pauses pour vous reposer.
- Réduisez les distractions; faites en sorte qu’une seule personne se trouve dans la pièce à la fois, éteignez la télévision ou la radio et essayez de limiter le nombre de choses que vous faites en même temps.
- Éliminez les contraintes de temps. Ne précipitez pas une tâche ou ne vous attendez pas à ce qu’elle soit accomplie parfaitement.
- Jugement et de la résolution de problèmes
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La résolution de problèmes et le jugement peuvent être altérés après une lésion cérébrale. Vous pourriez avoir de la difficulté à juger une situation, à déterminer quelle devrait être la bonne réponse, ou agir selon votre première impulsion. Votre style de pensée pourrait ne pas être souple - autrement dit, une fois que vous avez pris votre décision, il peut vous être difficile de la changer.
Les compétences de résolution de problèmes sont extrêmement importantes pour vivre de façon autonome et sécuritaire. Il se peut que vous ayez à travailler avec des spécialistes ou des soignants pour acquérir ces compétences.
Conseils pour le jugement et la résolution de problèmes
- Demandez à votre psychologue, votre ergothérapeute ou orthophoniste des idées sur la façon de procéder.
- Réfléchissez aux réactions possibles des personnes qui seraient touchées par votre décision.
- Faites une liste de choix - ou demandez à votre soignant de vous donner des choix - lorsque vous devez prendre une décision. Par exemple, votre soignant pourrait vous proposer des choix et vous demander si vous voulez prendre une marche, faire des exercices ou regarder la télévision, au lieu de vous demander ce que vous voulez faire.
- Réduisez les distractions qui pourraient affecter votre processus décisionnel.
- Prenez le temps de bien réfléchir à votre décision.
- Essayez de planifier et de raisonner à haute voix afin de réfléchir plus clairement à vos décisions. Vous pouvez aussi demander à un aidant naturel de vous écouter et d’apporter des suggestions.
- Collaborez avec un aidant naturel, un ami ou un membre de la famille pour prendre des décisions, dans la mesure du possible.
- Notez les éléments importants à prendre en considération au moment de prendre une décision. Cela serait un guide utile à consulter pendant le processus.
- Mémoire
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En général, la mémoire est divisée en deux catégories : déclarative et non déclarative. La mémoire déclarative porte sur des choses dont on peut se souvenir clairement, comme des événements passés précis (mémoire épisodique), des connaissances et des faits (mémoire sémantique). La mémoire procédurale non déclarative est la mémoire qui agit comme une compétence ou une réponse motrice.
La façon dont la mémoire est affectée dépend de la lésion cérébrale subie. Certaines personnes perdent la mémoire de leur vie d’avant ou immédiatement d’après la blessure. D’autres sont incapables de créer de nouveaux souvenirs, tandis que d’autres oublient les compétences ou les réponses motrices qui étaient autrefois de seconde nature, bien que cela soit moins courant.
Voici les types de perte de mémoire les plus courants après une lésion cérébrale:
- La perte de mémoire à court terme : Cela signifie que vous ne pouvez pas vous souvenir des choses qui viennent de se produire et vous avez souvent des problèmes d’attention.
- L’amnésie : Il s’agit le plus souvent de la perte de mémoire déclarative (épisodique) suite aux dommages à des zones précises du système de mémoire de votre cerveau. L’amnésie peut être antérograde ou rétrograde.
- L’amnésie antérograde – C’est l’incapacité de se former de nouveaux souvenirs, après le moment de la blessure; ce type d’amnésie est souvent le résultat d’une perte de mémoire à court terme.
- L’amnésie rétrograde : C’est l’oubli de ce qui s’est passé avant une lésion cérébrale.
Rarement, une personne ayant subi une perte de mémoire peut se rappeler des choses qui ne se sont pas produites ou fausser des événements passés. C’est ce qu’on appelle la confabulation; cela se produit automatiquement, sans que la personne s’en rende compte. Elle ne sait pas qu’elle invente de l’information et a tendance à ne pas être pleinement consciente de l’impact de sa lésion cérébrale.
Les problèmes de mémoire peuvent affecter le progrès dans tous les domaines. Si les souvenirs s’estompent rapidement, vous ne serez pas en mesure d’apprendre de nouvelles expériences, de vous rappeler que vous apportez des changements ou que vous faites des progrès. Cela peut avoir un impact énorme sur la réhabilitation. En thérapie, on apprend des compétences en mobilité, des manières d’utiliser des appareils fonctionnels, de communiquer et de traiter l’information. Si vous avez de la difficulté à vous souvenir de ce que vous avez appris, d’un jour à l’autre, les progrès peuvent être plus lents.
Au cours de l’évaluation de la thérapie, les thérapeutes testeront votre mémoire des événements passés:
- Avant l’accident (mémoire à long-terme ou rétrograde)
- Au cours des dernières minutes (mémoire immédiate)
- Au cours des dernières minutes, heures ou jours (mémoire récente ou antérieure)
La mémoire immédiate et récente tend à être davantage affectée par une lésion cérébrale que la mémoire à long-terme.
Le rétablissement de la mémoire est souvent lent et, dans certains cas, on peut ne jamais se rétablir complètement. Cela peut être très frustrant et bouleversant pour vous, votre famille et vos amis. Il est important d’être gentil envers soi-même. Pendant que vous gérez les changements suite à votre lésion cérébrale, faites ce que vous pouvez pour prendre soin de votre santé mentale et émotionnelle.
- Plus d’informations sur la santé mentale après une lésion cérébrale
- Plus d’informations sur l’adaptation à un nouveau soi après une lésion cérébrale
Il y a des mesures qui peuvent vous aider à gérer les changements de mémoire éventuels.
Conseils pour faciliter la mémoire
- Demandez à un soignant de confirmer les détails exacts des événements passés et présents, lorsque vous partagez vos souvenirs.
- Faites des activités que vous connaissez et aimez – par exemple, jouer aux cartes.
- Identifiez des situations connues et routinières qui renforcent votre mémoire. Ces routines peuvent être écrites et affichées à des endroits faciles à voir, comme le réfrigérateur ou un tableau blanc.
- Placez des horloges et des calendriers autour de la maison et dans votre chambre, et marquez-y la date.
- Utilisez un journal, un carnet ou un appareil électronique (par exemple, un téléphone intelligent) pour noter des renseignements importants.
- Lorsque des membres de la famille ou des amis vous rendent visite, écrivez la date et les activités dans le carnet de notes. Ces aide-mémoire doivent toujours être conservés au même endroit.
- Utilisez un enregistreur de conversations (courants sur la plupart des téléphones intelligents ou autres appareils), pour pouvoir y revenir et écouter les conversations, plus tard.
- Lorsqu’on vous offre de nouveaux renseignements, prêtez attention, créez des associations, répétez-les souvent et notez-les pour consultation ultérieure.
- Vous pouvez acheter des appareils qui éteignent automatiquement les cuisinières et d’autres appareils, ce qui aide à prévenir les risques pour la sécurité.
- Utiliser un outil de suivi des activités quotidiennes
- Des compétences de planification
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De nombreuses personnes ayant subi une lésion cérébrale ont de la difficulté à planifier, à commencer et à terminer une activité. Il se peut que vous ne soyez pas en mesure de planifier à l’avance ou que vous n’ayez pas le suivi nécessaire pour terminer une tâche. Vos pensées pourraient être désorganisées et incomplètes, et cela se manifestera sous la forme de mouvements ou de commentaires répétitifs. Vous pourriez agir de façon impulsive, en faisant quelque chose rapidement, sans y réfléchir, ou au contraire, vous pourriez avoir besoin de beaucoup de temps pour comprendre l’information et réagir de la bonne façon.
La planification est un élément important sur la voie vers l’autonomie. Par exemple, vous devez être en mesure de faire la lessive pour avoir des vêtements propres : vous devez savoir quand ajouter du savon, comment programmer vos cycles de lavage et de séchage. Vous n’êtes peut-être pas en mesure de planifier toutes les étapes tout de suite, mais en établissant des objectifs et en travaillant avec des spécialistes en réadaptation, vous pourriez développer vos compétences en planification.
Conseils pour faciliter la planification
- Divisez les tâches en petites étapes. Par exemple, lorsque vous préparez une salade, préparez d’abord la laitue. Une fois cela fait, passez à l’étape suivante, et ainsi de suite.
- Demandez à un aidant naturel, à un ami ou à un membre de la famille d’expliquer clairement et brièvement l’activité avant de la commencer.
- Lisez les directives ou faites-vous lire les instructions lentement, pour avoir le temps de les comprendre et d’y répondre.
- Réduisez les distractions et les exigences et accordez-vous plus de temps pour résoudre les problèmes.
- Utilisez des routines et des horaires des événements à venir, car cela aide à améliorer l’organisation.
- Utilisez une liste de vérification pour pouvoir y cocher chaque étape d’une tâche au fur et à mesure.
- Utilisez un calendrier ou un tableau blanc pour des indices visuels et des rappels.
- Dans la mesure du possible, participez aux tâches ménagères (selon vos capacités). Par exemple, des tâches telles mettre la table, laver la vaisselle ou préparer une salade requièrent de la planification, mais elles pourraient être assez familières pour que vous puissiez les faire facilement. Ces types d’activités vous aideront à pratiquer la planification par étapes.
- La conscience de soi
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Après une lésion cérébrale, il arrive souvent qu’on ne soit pas aussi conscient qu’avant. Par exemple, une personne blessée peut ne pas être consciente de ce qu’elle ne peut plus faire. Il se peut qu’elle ne remarque ou ne se souvienne pas des changements en elle-même, qu’elle soit dans le déni ou ait de la peine à cause de ces changements; ce sont des réactions émotionnelles. Il se peut aussi qu’une personne blessée ressente de la pression de retourner à la maison ou au travail même si elle n’y est pas complètement prête. Cela peut l’amener à surestimer ses capacités et à sous-estimer les problèmes.
La conscience de soi est difficile à identifier. Les thérapeutes, soignants, membres de votre famille et amis peuvent vous aider à repérer les changements au niveau de votre conscience de soi. Votre équipe de soutien vous aidera à trouver les meilleures façons de recevoir du feedback et d’améliorer votre conscience de soi. Par exemple, vous êtes peut-être plus enclin d’écouter un frère ou une sœur plutôt qu’un parent, ou un médecin plutôt qu’un membre de la famille, lorsque vous recevez du feedback.
Il est important de noter que ces symptômes de changements cognitifs après une lésion cérébrale ne se manifesteront pas chez tout le monde. Cela peut aussi se produire chez les personnes atteintes de troubles mentaux, la population vieillissante et les personnes atteintes de différentes maladies. Les personnes qui présentent des symptômes cognitifs à la suite d’une lésion cérébrale acquise doivent être référées à un neuropsychologue pour des tests neuropsychologiques qui puissent en élucider la cause principale. Ensuite, ces résultats et le profil de vos besoins cognitifs serviront à créer des plans de traitement personnalisés.
Cognitive rehabilitation and recovery
Les personnes qui subissent des changements cognitifs obtiendront des résultats variables tout au long du rétablissement. En raison de facteurs tels l’âge, la partie du cerveau blessée, la gravité de la blessure, l’accès à la réadaptation et plus encore, il est difficile de prédire l’évolution du rétablissement. Il est important de travailler avec votre équipe de santé tout au long du rétablissement pour mettre à jour vos objectifs et vos exercices, au besoin.
Si vous avez des troubles cognitifs, on pourrait vous recommander de travailler avec un thérapeute en réadaptation cognitive ou un ergothérapeute. Le thérapeute en réadaptation cognitive travaille avec vous pour établir des objectifs liés à votre cognition et élaborer un plan de traitement qui vous aidera à atteindre ces objectifs. Cela pourrait inclure des méthodes d’adaptation aux déficiences. Souvent, une personne qui souffre d’une déficience cognitive est toujours en mesure d’accomplir une tâche, mais elle doit le faire en utilisant des méthodes différentes ou en prenant des mesures d’adaptation. Vous travaillerez peut-être à réapprendre ou à améliorer des compétences qui ont été altérées ou à apprendre des stratégies de compensation qui vous donnent des moyens alternatifs d’accomplir des tâches.
Un ergothérapeute travaille de la même façon, mais son attention est axée sur le fait de vous aider à accomplir les activités de la vie quotidienne, de la façon la plus autonome possible, et veiller à ce que votre milieu familial soit aménagé de la meilleure façon possible pour répondre à vos besoins.
Le but de la réadaptation est de vous aider à atteindre vos objectifs personnels et jouir du plus haut niveau d’autonomie possible. Bien que vous puissiez constater des améliorations avec le temps, ainsi qu’une réadaptation constante, vous pourriez ne pas atteindre les niveaux de compétences cognitives que vous aviez avant votre blessure, ou vous pourriez continuer d’avoir besoin de méthodes d’adaptation. C’est ce qu’on appelle souvent la « nouvelle normalité »; il vous faudra du temps pour vous adapter mentalement et émotionnellement à votre nouvelle réalité.