Itinérance

L’itinérance est définie comme « la situation d’une personne ou d’une famille qui n’a pas de logement stable, sûr, permanent et approprié, ni la possibilité, les moyens et la capacité d’en obtenir un dans l’immédiat. C’est le résultat d’obstacles systémiques ou sociétaux, d’un manque de logements abordables et appropriés, des difficultés financières, mentales, cognitives, comportementales ou physiques de la personne ou du ménage, et/ou du racisme et de la discrimination »[1].

Les recherches démontrent qu’à chaque année, il y a plus de 235 000 personnes sans abri au Canada [2]. En réalité, ce nombre est beaucoup plus élevé parce que beaucoup de gens restent avec des amis ou des membres de leur famille ou ne vont pas dans des refuges d’urgence ou des refuges pour sans-abri. Partout au pays, des décomptes en temps réel sont effectués de manière ponctuelle afin d’obtenir le chiffre le plus exact personnes sans abri, à un moment précis. Environ 50% des personnes sans abri ont subi une lésion cérébrale dont les symptômes et les effets varient [3]. Il s’agit d’un pourcentage élevé de la population qui, souvent, n’a pas accès au soutien ni aux ressources dont elle a besoin pour le traitement et le rétablissement. Beaucoup ne se rendent peut-être pas pleinement compte qu’ils ont subi une lésion cérébrale.

La même étude a également exploré l’idée que la relation entre les lésions cérébrales et l’itinérance pourrait être bidirectionnelle, c’est-à-dire que les lésions cérébrales acquises peuvent mener à l’itinérance et que l’itinérance peut accroître le risque de subir une lésion cérébrale[4]. Ces rapports ont sensibilisé les canadiens au problème et à l’importance des ressources et de la prévention de l’itinérance, incluant le besoin de remédier au manque de logements abordables.

Accès aux logements

Le manque de logements abordables est un obstacle pour de nombreux canadiens et peut contribuer à l’itinérance. Le défi consiste à trouver un logement qui soutienne le processus de transition de l’itinérance vers un logement permanent.

Il existe plusieurs modèles de logement et de soutien au logement au Canada qui peuvent faciliter ce processus.

Logement de transition
Il s’agit d’un logement temporaire avec services de soutien, qui vise à combler l’écart entre l’itinérance et le logement permanent. Le logement de transition offre une structure, de la supervision, du soutien (pour les dépendances et la santé mentale, par exemple), des moyens de développer des aptitudes à la vie quotidienne et, dans certains cas, de l’éducation et de la formation.[5]
Logement subventionné
Ce type de logement est partiellement payé par l’administration locale. Le logement subventionné comporte des critères d’admissibilité qui doivent être respectés.
La gestion de cas axée sur le logement
Des gestionnaires de dossier aident les personnes sans abri à trouver un logement et du soutien en matière de logement.

De nombreuses régions du Canada mettent également en œuvre des initiatives ‘Logement d’abord’, qui accordent la priorité aux personnes ayant des besoins élevés en matière de logement et de soutien.

Il existe différents types de soutien, selon l’endroit où vous vivez. Trouver un logement peut être difficile, et le processus sera long. Mais en travaillant avec les organismes locaux, les refuges et les programmes gouvernementaux, il est possible de progresser vers un logement permanent.

Soutien aux survivants sans abri

Il est accablant et effrayant de ne pas avoir d’endroit où vivre. De plus, il y a des obstacles qui rendront la transition de l’itinérance plus difficile, notamment:

  • La discrimination
  • Les problèmes de santé
  • La violence entre partenaires intimes
  • Le manque de logements abordables ou appropriés
  • Le manque de formation sur les lésions cérébrales acquises pour les travailleurs de première ligne
  • Le manque de connaissances sur l’itinérance chez les spécialistes des lésions cérébrales
  • Diverses situations personnelles
  • La pauvreté
  • La consommation problématique de substances
  • Les défaillances du système

Ces obstacles semblent impossibles à surmonter, mais il est possible d’y arriver. Pour trouver un logement convenable, il faut une combinaison de mesures de soutien et de services et une équipe de soutien multidisciplinaire. Ces services peuvent être spécialisés et offrir des programmes pour les personnes en situation d’itinérance ou des services généraux adaptés à quiconque en a besoin (services de santé, bibliothèques, centres de traitement, etc.). Les gouvernements, les organismes de bienfaisance, les groupes confessionnels et le secteur sans but lucratif peuvent également offrir des services utiles [6]. Pour avoir accès à ces services, on doit se défendre et faire respecter ses droits tout seul ou trouver quelqu’un qui puisse défendre ses besoins en son nom (un membre de la famille, un ami, un professionnel de la santé ou un travailleur social, par exemple).

Si vous êtes sans abri, des ressources sont à votre disposition pour vous aider à traverser ces moments difficiles.

Des services communautaires de santé mentale
De nombreuses personnes ayant subi une lésion cérébrale éprouvent des problèmes de santé mentale à la suite de la blessure. Lorsqu’une personne est sans abri, elle n’a souvent pas les outils d’adaptation nécessaires pour gérer ses symptômes émotionnels, physiques ou comportementaux, et encore moins sa santé mentale.

Les services communautaires de santé mentale couvrent divers domaines, notamment:

  • L’aide psychiatrique et médicale
  • L’aide au logement
  • Les services de crise
  • Le soutien par les pairs
  • Les programmes d’entraide
  • Les services d’emploi
  • Les services de gestion de cas

Les besoins de chacun varient et certains services visent la santé mentale de la personne plus que d’autres.[7]

Les associations locales des lésions cérébrales ou les professionnels de la santé pourront vous diriger vers des ressources locales en santé mentale. L’Association canadienne pour la santé mentale compte également plusieurs succursales au Canada qui figurent sur cette carte.

Services communautaires
Les services communautaires sont offerts par des organismes sans but lucratif dans le but de soutenir un groupe particulier de personnes. Ces services et programmes peuvent comprendre du counseling, du soutien par les pairs, des groupes de socialisation et de loisirs, des cours d’éducation ainsi que des banques alimentaires, des programmes de soutien aux personnes itinérantes lors des saisons froides et des centres d’accueil. Certains de ces programmes sont spécifiques aux lésions cérébrales acquises, tandis que d’autres sont ouverts à tous. La disponibilité du soutien dépend de l’endroit – les collectivités rurales ont moins de soutien que les grandes régions urbaines.

Les associations locales des lésions cérébrales sont un service communautaire extrêmement utile. Non seulement elles sont informées sur les lésions cérébrales, elles peuvent aussi présenter les autres types de soutien disponibles dans la région.

Refuges d’urgence
Les refuges d’urgence sont des endroits où les personnes sans-abri peuvent passer la nuit. Ces séjours sont de courte durée et dépendent du nombre de lits disponibles et des règles de chaque refuge.

Planification des congés
La planification des congés a lieu lorsqu’une personne quitte un hôpital, un établissement de réadaptation, un établissement de santé mentale, une prison ou tout autre établissement ou programme officiel. Le but de la planification du congé est de confirmer qu’une personne qui quitte l’établissement est prête à être indépendante ou libérée sous la responsabilité d’un soignant ou avec le soutien de la collectivité.

Si une personne n’a pas de mécanismes d’adaptation ou de soutien adéquats après sa libération, elle risque davantage de se retrouver sans abri. Malheureusement, il n’existe pas de processus de congé standard au Canada, ce qui fait que les personnes vulnérables peuvent ne pas obtenir l’aide dont elles ont besoin [8].

Il est important de retenir que la planification du congé doit commencer le plus tôt possible et inclure des plans sur les conditions de vie, le travail (si possible), le traitement continu (si nécessaire) et le choix du support communautaire pour la personne libérée et les soignants. Si vous quittez bientôt l’hôpital, demandez à votre équipe médicale ou à votre soignant de commencer à élaborer un plan de congé.

Réduction des risques
Selon l’Observatoire canadien sur l’itinérance, la réduction des risques est une stratégie qui vise à réduire les risques et les effets néfastes de la consommation de substances.

La consommation problématique de substances est un problème complexe auquel sont confrontées de nombreuses personnes sans abri. La réduction des risques vise non seulement à s’attaquer au problème de la consommation de substances, mais aussi à d’autres problèmes qui peuvent avoir contribué à cette consommation au départ. L’objectif principal est d’amener les personnes appuyées à faire des choix plus sécuritaires dans l’espoir qu’elles chercheront un traitement. Les méthodes de réduction des risques incluent:

  • Des programmes sur place et mobiles de distribution d’articles (échange de seringues, trousses d’utilisation sécuritaire de crack, articles de sécurisexe, contenants pour objets contaminés) visant à réduire les blessures et la propagation des maladies
  • Des centres d’injection et de consommation sécuritaires
  • La prévention et le traitement des surdoses
Réadaptation
Il peut être difficile d’accéder à la réadaptation si vous n’avez pas de carte d’assurance-maladie ou de médecin, car les programmes publics doivent être dirigés par un médecin. Cependant, il est possible de trouver des programmes de réadaptation appropriés par l’entremise d’organismes d’intervention auprès des sans-abri et de programmes de logement. Les villes, les provinces et les territoires ont leurs propres programmes en place, ce qui a une incidence sur ce qui vous est offert. Les objectifs de réadaptation seront différents pour chaque personne. Dans certains cas, vous pourriez trouver des services de réadaptation professionnelle qui puissent vous aider à vous former pour le travail.

Communiquez avec votre association locale des lésions cérébrales car elle pourrait vous fournir des renseignements sur les programmes de réadaptation disponibles dans votre région.

Violence entre partenaires intimes et itinérance

La violence entre partenaires intimes (VPI) est l’une des principales causes de traumatismes cérébraux, et la majorité des personnes touchées sont des femmes. De nombreux refuges et programmes sont équipés pour s’occuper des hommes ou des autres causes de l’itinérance, comme les problèmes de toxicomanie. Souvent, cela signifie que les femmes et les enfants qui fuient leur foyer à cause de la violence entre partenaires intimes ne peuvent pas obtenir le soutien dont ils ont besoin dans les refuges réguliers. Cependant, il y a des refuges pour femmes et familles partout au Canada, qui peuvent aussi offrir des logements temporaires.

Ressources et études


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