Surdoses d’opioïdes

Les surdoses d’opioïdes peuvent avoir des conséquences catastrophiques, y compris des lésions cérébrales. Les lésions cérébrales présentent des défis et des changements qui peuvent être difficiles à gérer, surtout si le survivant essaie également de composer avec la toxicomanie. Il lui faudra beaucoup de temps pour déterminer l’ampleur des changements vécus et établir un plan de soins continus qui l’aidera à se réadapter et à se rétablir. Les effets des lésions cérébrales peuvent aussi changer une personne. C’est une expérience effrayante qui peut être difficile à exprimer ou à partager avec les autres et qui peut avoir un impact énorme sur la santé mentale et le bien-être de la personne qui a subi une lésion cérébrale et la vôtre, en tant qu’ami/membre de la famille.

Cette section aborde les sujets suivants:

Que sont les opioïdes?

Les opioïdes sont des médicaments utilisés pour gérer la douleur, habituellement après une chirurgie, qui provoquent des sentiments d’euphorie (bonheur ou sensation de « high »). Lorsqu’ils sont prescrits par un médecin et pris aux doses recommandées, les opioïdes peuvent être sans danger. Ces ordonnances incluent souvent de la codéine, du fentanyl, de la morphine, de l’oxycodone, de l’hydromorphone ou de l’héroïne médicale.

Les opioïdes peuvent également être produits et obtenus illégalement sous diverses formes, mais leur production sur le marché noir n’est pas contrôlée. Souvent, ces opioïdes contiennent des doses dangereuses de fentanyl ou de carfentanil, qui est spécifiquement destiné aux gros animaux (comme les éléphants), et non aux humains. Il est environ 100 fois plus toxique que le fentanyl et 10 000 fois plus toxique que la morphine, et une quantité infime pourrait causer une surdose.

Que faire en cas de surdose

Les surdoses surviennent lorsqu’une personne a pris plus de drogues que son corps ne peut en supporter. Les opioïdes causent des lésions cérébrales ou la mort parce qu’ils ralentissent la respiration et le rythme cardiaque jusqu’au point de priver le corps d’oxygène.

Il y a plusieurs façons de déterminer si une personne peut faire une surdose d’opioïdes:

  • La personne ne répond pas ou est inconsciente
  • La personne est inconsciente ou dans une posture de « renversement »
  • Elle a une respiration superficielle ou irrégulière, ou ne respire pas du tout
  • Sa fréquence cardiaque est ralentie ou il n’y a pas de pouls
  • La personne fait des bruits d’étouffement ou de gargouillement
  • Elle a les lèvres et les ongles violets
  • Sa peau est moite
  • Sa température corporelle est basse
  • La personne vomit
  • La personne a des convulsions
  • Elle subit une perte de coordination

Si vous soupçonnez qu’une personne fait une surdose d’opioïdes:

  • Secouez ses épaules ou appelez son nom
  • Appelez le 9-1-1 si la personne ne vous répond pas
  • Effectuez des compressions thoraciques et de la respiration artificielle (RCR)
  • Administrez de la naloxone en vaporisateur nasal ou injectable
  • Si la personne reprend la respiration, placez-la en position de récupération.

Renseignements fournis par l’Association canadienne pour la santé mentale.

Trousses de naloxone pour le traitement des surdoses d’opioïdes

La naloxone est un médicament à action rapide qui peut inverser temporairement les effets d’une surdose d’opioïdes. La naxolone détache les opioïdes des récepteurs cérébraux et rétablit la respiration; cela fonctionne avec le fentanyl, la codéine, la morphine et l’héroïne.

La naloxone est tout à fait sécuritaire et ne peut pas créer de dépendance. Cela signifie qu’il est sécuritaire d’avoir à la maison un vaporisateur nasal de naloxone et des trousses d’injection de naloxone, et qu’il est sécuritaire pour vous de les administrer à une personne qui fait une surdose. Ces trousses sont mises à la disposition du public gratuitement. Découvrez où obtenir de la naloxone dans votre province ou territoire [1].

Comment les surdoses d’opioïdes causent-elles des lésions cérébrales?

Les opioïdes agissent en faisant en sorte que le cerveau libère de la dopamine en plus grandes quantités. La dopamine est liée aux sentiments de récompense et de plaisir. Lorsqu’ils sont utilisés sur une longue période, le cerveau s’adapte en réduisant le nombre de récepteurs, un processus appelé tolérance. Les opioïdes modifient le cerveau et la façon dont une personne réagit aux récompenses normales dans l’environnement. Les choses qui normalement font que quelqu’un se sent bien et heureux cessent d’être aussi stimulantes. C’est pourquoi certaines personnes peuvent consommer des drogues de façon dangereuse, même si elles savent que leur consommation d’opioïdes cause des problèmes.

La dépendance aux substances et aux vices est un problème grave au Canada. Ce n’est pas tout le monde qui suit le même cheminement vers la dépendance. Toutefois, les dépendances ont des points communs, notamment 4 facteurs identifiés par l’Association canadienne de toxicomanie et de santé mentale:

  • L’envie irrésistible
  • La perte de contrôle sur la quantité ou la fréquence d’utilisation
  • La consommation compulsive
  • L’utilisation avec conséquences

Les facteurs de risque de la dépendance incluent [2]:

  • La génétique
  • La façon dont les drogues interagissent avec le cerveau – en créant une expérience agréable
  • L’environnement
  • Les problèmes de santé mentale
  • Le fait de composer avec les pensées et les sentiments
  • Des lésions cérébrales pré-existantes

Pour en savoir plus, visitez la page sur la toxicomanie du Centre de toxicomanie et de santé mentale.

Une surdose d’opioïdes peut causer des effets néfastes comme un ralentissement de la respiration ou du rythme cardiaque et la privation d’oxygène dans le cerveau. Les parties du cerveau qui consomment le plus d’énergie et d’oxygène sont les plus vulnérables. Lorsque la perte d’oxygène est plus grave, elle peut également endommager les zones du cerveau qui sont alimentées par les plus petits vaisseaux sanguins les plus éloignés du cœur. Le terme médical utilisé pour désigner la privation partielle d’oxygène est l’hypoxie, qui peut se transformer en anoxie lorsqu’une personne cesse complètement de respirer.

Environ 12 personnes meurent chaque jour de surdoses d’opioïdes au Canada, avec le plus grand impact chez les Canadiens de 15 à 24 ans. À l’heure actuelle, il n’y a pas beaucoup de recherches sur les personnes qui subissent une lésion cérébrale à la suite d’une surdose d’opioïdes. Ce qui est évident, c’est que ceux qui survivent à une surdose d’opioïdes peuvent se retrouver avec des lésions cérébrales catastrophiques qui touchent profondément le survivant et ses proches.

La toxicomanie peut continuer d’être une préoccupation après une lésion cérébrale. Les problèmes d’attention, de mémoire et de jugement peuvent faire en sorte qu’il est plus difficile de bénéficier de soins. La toxicomanie après une lésion cérébrale peut souvent nuire au rétablissement naturel du cerveau et à la participation au traitement.

Effets des lésions cérébrales causées par une surdose d’opioïdes

Selon les parties du cerveau qui ont été endommagées et la durée pendant laquelle le cerveau a manqué d’oxygène, le survivant peut ressentir :

  • Une faiblesse des membres
  • Des problèmes d’équilibre et de coordination
  • De la spasticité ou de la rigidité du tonus musculaire
  • Des mouvements anormaux et involontaires
  • Une perte de vision
  • Une perte de mémoire
  • Des défis liés à la parole et au langage
  • Des changements des capacités cognitives liées à la pensée et à la prise de décisions – cela peut affecter la planification, le travail et les interactions sociales
  • Des changements de personnalité – incluant l’irritabilité, l’impulsivité et les déficiences sociales

L’impact d’une surdose peut varier de subtil à grave. Certaines personnes peuvent remarquer qu’elles sont plus distraites, moins coordonnées ou qu’elles ont plus de difficulté à s’organiser. Pour les survivants de nombreux épisodes de surdose, ou d’anoxie plus longue et plus grave, il peut y avoir des changements fondamentaux de leur personnalité et de leurs capacités. Le rétablissement est possible, mais de nombreux changements peuvent persister et nécessiter une réadaptation.

Ce genre de changement est difficile pour les aidants naturels et les membres de la famille. Votre être cher n’est plus la même personne, et le processus pour se familiariser avec sa nouvelle identité est émotionnellement chargé, difficile et long. Cela s’ajoute au fait de se familiariser avec les effets des lésions cérébrales et leur incidence sur sa propre vie. Il est utile pour vous de travailler avec la personne qui a subi une lésion cérébrale pour en apprendre le plus possible et de parler aux professionnels de la santé de la façon dont vous pouvez aider.

Désintoxication et lésions cérébrales

L’un des défis du traitement concomitant de la toxicomanie et des lésions cérébrales est que les installations et les programmes actuels ne sont pas équipés pour gérer les deux. Environ 20 % des survivants de lésions cérébrales développent une consommation problématique de substances après une lésion cérébrale, ce qui peut avoir une incidence grave sur leur rétablissement et santé globale [5]. La majorité des programmes de réadaptation et de soutien aux victimes de lésions cérébrales exigent que les participants ne consomment pas de substances. De même, les centres et les programmes qui se spécialisent dans le soutien aux toxicomanes ne sont pas en mesure de répondre aux besoins complexes d’une personne ayant subi une lésion cérébrale. Cela ne veut pas dire qu’un plan de soutien ne peut pas être créé, mais plutôt que le survivant devra travailler avec les soignants et les professionnels de la santé qui connaissent les services disponibles.

Comment trouver de l’aide pour les survivants après une surdose d’opioïdes

Il existe des options pour les survivants aux prises avec des problèmes de toxicomanie.

Rencontrer un conseiller

Le counseling est une étape positive dans la lutte contre la consommation problématique de substances. Les thérapeutes autorisés peuvent offrir une aide individuelle et donner des conseils concrets et pratiques pour favoriser le changement. Le counseling est également bénéfique pour les personnes qui ont subi une lésion cérébrale et qui apprennent à faire face aux changements dans leur vie.

Participer aux groupes d’entraide

De nombreuses villes ont des groupes d’entraide locaux pour la toxicomanie. Ces groupes sont conçus pour offrir un environnement favorable aux personnes qui vivent des problèmes de consommation de substances. Les professionnels de santé locaux seront en mesure de vous fournir plus d’informations sur le soutien dans votre région et sur leur capacité de répondre à des besoins particuliers après une blessure.

Réadaptation résidentielle

Des centres de réadaptation résidentielle sont disponibles pour les personnes qui ont besoin d’un environnement différent. Il y a des centres de toxicomanie privés et publics au Canada. Les centres publics sont gratuits, mais ils ont de longs délais d’attente. Les centres privés entraînent des dépenses directes.

N’oubliez pas que tous les centres ne seront pas équipés pour répondre aux besoins d’une personne ayant un problème de toxicomanie et une lésion cérébrale. Il est important de travailler avec une équipe médicale pour trouver le meilleur traitement.

Centres de consommation supervisée

La consommation problématique de drogues est un problème complexe auquel il n’y a pas de solution facile. Beaucoup de gens ont de la difficulté à s’arrêter. C’est là que les centres de consommation supervisée peuvent être utiles. Ce sont des endroits pour les personnes cherchant à arrêter ou à réduire leur consommation de drogues, et la recherche montre qu’ils sont efficaces pour améliorer la santé et sauver des vies.

En plus d’offrir un endroit sécuritaire pour la consommation, les centres de consommation supervisée offrent des services de dépistage pour détecter les contaminants potentiels, l’accès aux services d’urgence, le dépistage des maladies et des infections, ainsi que des références et de l’information sur le traitement (source : gouvernement du Canada).

Ressources

Avertissement : Nous ne pouvons pas garantir l’accessibilité des ressources qui ne se trouvent pas sur notre site web.
Tout le monde est touché lorsqu’un être cher est victime d’une surdose d’opioïdes. Les soignants veulent aider, mais souvent, ils ne savent pas quelle est la meilleure façon de le faire. Cela entraîne des sentiments de culpabilité, de deuil, d’anxiété et même de ressentiment. Cela peut nuire à leur santé mentale et à leur relation avec le survivant.

Le Centre de toxicomanie et de santé mentale a publié un guide sur la toxicomanie qui comprend des chapitres sur la toxicomanie et les aidants et les familles. Ces chapitres présentent des conseils pour aider votre proche, prendre soin de votre santé et de votre bien-être et maintenir votre relation.

Pour en savoir plus sur les lésions cérébrales et la prestation de soins, consultez les pages suivantes.

Avis de non-responsabilité : Il ne manque pas d’outils de diagnostic médical en ligne, de groupes d’entraide ou de soutien, ou de sites qui font des affirmations non fondées sur le diagnostic, le traitement et le rétablissement. Veuillez noter qu’il se peut que ces sources ne soient pas fondées sur des données probantes, réglementées ou modérées adéquatement. Nous vous encourageons à demander des conseils et des recommandations au sujet du diagnostic, du traitement et de la gestion des symptômes auprès d’un professionnel de la santé réglementé comme un médecin ou une infirmière praticienne. Vous devriez être mis en garde contre les sites qui font l’une ou l’autre des affirmations suivantes :

  • Le produit ou le service promet une solution rapide
  • L’offre paraît trop beau pour être vrai
  • Le produit ou les services sont spectaculaires ou radicaux et ne sont pas appuyés par des organisations médicales et scientifiques de bonne réputation.
  • Des termes comme « la recherche est en cours » ou « résultats préliminaires de la recherche » sont utilisés, ce qui indique qu’il n’y a pas de recherche en cours.
  • Les résultats ou les recommandations du produit ou du traitement sont fondés sur une seule étude ou un petit nombre d’études de cas et n’ont pas été examinés par des experts externes.
  • On utilise de témoignages de célébrités ou de clients/patients antérieurs qui sont anecdotiques et non fondés sur des données probantes 

Faites toujours preuve de prudence et suivez les conseils de votre équipe médicale.

Information provided in part by the Canadian Mental Health Association

[1] Government of Canada

[2] Bjork, J., & Grant, S. (2009, July). Does traumatic brain injury increase risk for substance abuse? Retrieved October 26, 2020, from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2989860/

[3] Government of Canada

[4] Headway

[5] Corrigan, J. D. (1995). Substance abuse as a mediating factor in outcome from traumatic brain injury. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation, 76 (4), 302-309