Effets sur le comportement

Les lésions cérébrales peuvent avoir une incidence profonde sur la façon dont on se sent (nos émotions) et agit (notre comportement). Il est utile de comprendre comment les comportements d’une personne ayant subi une lésion cérébrale peuvent avoir changé et comment gérer ces changements.

Cette section aborde les sujets suivants :


L’agressivité, la colère et la frustration

L’agressivité
Au stade aigu du rétablissement après une lésion cérébrale, une personne peut afficher un comportement agressif inhabituel si elle est effrayée, frustrée ou confuse. Cela arrive habituellement lorsque la personne blessée n’est pas entièrement consciente de sa situation (de la blessure et de ses conséquences) et de son environnement (l’endroit où elle se trouve, le jour ou le mois, etc.). L’agressivité peut se manifester de diverses façons, notamment :

  • Endommager ou détruire des objets
  • Utiliser des jurons excessifs
  • Faire des menaces de préjudice à autrui
  • Être incapabe de s’auto-surveiller
  • Faire des attaques verbales et physiques

Les épisodes d’agressivité surviennent souvent très rapidement et ont tendance à durer seulement quelques minutes. L’agressivité est troublante tant pour la personne qui la manifeste que pour les soignants ou les membres de la famille qui en sont témoins. Certains comportements agressifs peuvent être dangereux pour la sécurité d’une personne, et c’est pourquoi il est important de prendre des mesures pour aider le survivant à gérer son agressivité.

  • Expliquez ce que vous faites avant de le faire. Cela éliminera la surprise et réduira la peur et le stress au sujet de l’action.
  • Identifiez et éliminez/réduisez les déclencheurs d’agressivité (antécédents) dans la mesure du possible
  • Maintenez un niveau de stimulation bas dans la pièce (par exemple, réduisez les lumières et les bruits).
  • Orientez la personne vers des activités apaisantes ou dirigez-la vers un endroit calme si elle se sent confuse, en colère ou effrayée.
  • Utilisez des tactiques apaisantes comme la respiration profonde ou la méditation

Composer avec l’agressivité physique

Si ses épisodes d’agression persistent ou que la sécurité est préoccupante, vous devriez consulter un thérapeute comportemental.Si votre ami ou un membre de votre famille est physiquement agressif avec vous ou d’autres (frapper, cogner, lancer des objets, etc.), vous devrez apprendre à désamorcer la situation le mieux possible. La chose la plus importante à faire dans une telle situation est d’éviter de confronter la personne ou de se disputer avec elle, d’essayer de ne pas crier et de ne pas devenir physique. Éloignez-vous de la personne si elle devient violente.

Lorsque l’incident est terminé, concentrez-vous sur la personne et demandez-lui comment elle se sent, de quoi elle aimerait parler et écoutez-la activement lorsqu’elle parle.

Ces situations seront effrayantes et bouleversantes pour vous. Il est important que vous ayez aussi un moyen de parler de ce qui s’est passé et de ce que vous avez ressenti. Vous pouvez communiquer avec des amis ou des membres de votre famille ou parler à un thérapeute autorisé. Vous pouvez également discuter des épisodes agressifs avec les fournisseurs de soins de santé de la personne et leur demander des recommandations.

La colère
Il est fréquent que les personnes atteintes de lésions cérébrales soient frustrées, en colère ou irritées plus souvent ou plus rapidement. Cela peut mener à des cris, des jurons, des menaces, à la destruction de biens et aux réactions physiques.

Ces épisodes de colère ou d’irritabilité accrue peuvent être déclenchés par :

  • La confusion
  • La frustration à l’égard d’une tâche plus difficile qu’auparavant
  • La fatigue
  • Une mauvaise compréhension des intentions d’une autre personne
  • Des personnes qui leur disent quoi faire ou qui leur signalent des erreurs
  • Des stimulations excessives (lumières, bruits et mouvements)

Si votre ami ou un membre de votre famille vit des périodes de colère ou d’irritabilité, essayez certaines des méthodes d’adaptation suivantes :

  • Faites-les participer à des activités apaisantes – par exemple, écouter de la musique ou lire
  • Pratiquez une respiration profonde avec eux
  • Retirez-les de la situation et rendez-vous à un endroit plus calme
  • Travaillez avec un médecin qui connaît bien les lésions cérébrales acquises et les émotions sur certaines méthodes et stratégies de communication apaisantes. La thérapie cognitivo-comportementale peut fournir du soutien et des outils pour aider à gérer la colère et l’agressivité et comprendre pourquoi votre proche peut avoir ces réactions.
La frustration
La frustration sera causée par différentes choses pour différentes personnes. Par exemple, il peut s’agir de ne pas être en mesure d’accomplir une tâche, d’être ennuyé par d’autres personnes ou de s’auto-critiquer. Lorsque quelqu’un est frustré, il peut abandonner des tâches, éviter certaines choses devenues trop dures ou avoir des crises émotives.

  • Si votre ami ou un membre de votre famille ressent de la frustration, vous pouvez l’aider à la surmonter, notamment :
  • Célébrez leurs réussites, surtout s’ils accomplissent une tâche qui les frustre ou s’ils s’améliorent
  • Effectuez des tâches difficiles seulement pendant de courtes périodes ou avec des pauses
  • Encouragez-les à prendre des respirations lentes et profondes comme mécanisme apaisant
  • Ayez un endroit tranquille où ils peuvent aller lorsqu’ils se sentent frustrés
  • Déterminez ce qui les rend frustrés. Même si vous n’êtes peut-être pas en mesure d’éviter complètement les causes de la frustration, la première étape pour apprendre à y faire face est de comprendre ce qui cause cette frustration.

L’anxiété

L’anxiété découle de sentiments d’inquiétude et de peur. Après une lésion cérébrale, les gens s’inquiètent souvent de la lenteur du rétablissement, du retour à l’école ou au travail, du manque d’argent et des difficultés relationnelles. L’anxiété peut mener à des comportements nuisibles, comme éviter des lieux ou des situations, vérifier des choses de façon excessive et poser les mêmes questions à répétition. L’anxiété peut aussi mener à des crises de panique. Les crises de panique (caractérisées par une peur soudaine et intense et des sensations physiques comme la rapidité du rythme cardiaque, la respiration superficielle et la transpiration) – peuvent être provoquées par des situations ou des émotions accablantes, des pensées ou des événements/rendez-vous à venir. Voici des manières de composer avec l’anxiété :

  • Élaborer des routines qui sont claires et qui peuvent être utilisées de façon répétée
  • Prendre des médicaments
  • Participer à des séances de counseling axées sur l’anxiété (par exemple, la thérapie cognitivo-comportementale et la pleine conscience)
  • Pratiquer une respiration lente et consciente
  • Se diriger vers un endroit connu ou une activité familière qui fait en sorte que la personne se sent en sécurité et calme
  • Planifier des « rendez-vous inquiétants » pour que la personne puisse contenir son inquiétude à un moment et à un endroit de son choix (par exemple, après le petit-déjeuner) plutôt que lorsqu’elle essaie de faire autre chose. Une façon de ‘prendre un rendez-vous inquiétant’ est de le consigner dans un journal. Vous pouvez aussi offrir d’écouter les inquiétudes de votre ami ou membre de votre famille.

Il est important d’être patient. L’anxiété est profondément personnelle et émotionnelle.

Une certaine anxiété après une lésion cérébrale est normale. Après tout, les capacités et la vie quotidienne ont changé pour les personnes affectées. Lorsque l’anxiété devient difficile à contrôler et affecte le sommeil, les activités quotidiennes ou les relations, un traitement en santé mentale (thérapie cognitivo-comportementale, par exemple) peut être nécessaire.

Le déni

Les lésions cérébrales s’accompagnent d’une grande variété de changements, et il arrive que l’on ne puisse plus faire ce qu’on faisait normalement. Cela peut être incroyablement difficile à gérer et les personnes affectées commencent à vivre le déni. Elles ne se rendent pas compte de combien leur blessure était grave et comment elle continue de les toucher. Une lésion cérébrale peut aussi nuire à la capacité d’une personne de surveiller et de juger son propre rendement. On peut devenir fâché ou frustré, blâmer quelqu’un d’autre pour nos difficultés ou prendre des mesures risquées pour « prouver » qu’on n’est pas affecté.

Vous devrez peut-être surveiller les signes de comportements dangereux qui pourraient compromettre la sécurité. Bien que vous ne devriez pas vous disputer avec la personne (ce qui est souvent contre-productif), vous pouvez essayer de vous tourner de nouvelles activités. Les thérapeutes cognitivo-comportementaux, un psychologue ou un psychiatre peuvent également être en mesure de fournir des méthodes d’adaptation pratiques qui aideront la personne atteinte d’une lésion cérébrale à surmonter le déni.

La dépression

La dépression est un problème de santé complexe qui touche les pensées, les émotions et le comportement d’une personne. La dépression est liée au deuil. Beaucoup de personnes déprimées peuvent se sentir tristes la plupart du temps, perdre intérêt pour leurs activités habituelles, se retirer des autres, avoir une vision négative de la vie et vivre des changements d’énergie, de sommeil et d’appétit. Il est important de comprendre les répercussions de la dépression et la façon de soutenir votre ami ou un membre de votre famille. La dépression n’est pas seulement psychologique : les lésions cérébrales peuvent modifier la structure du cerveau, de sorte que la dépression peut aussi être biologique. Le défi de composer avec des changements émotionnels et comportementaux comme la dépression exige autant d’engagement envers le rétablissement que le travail sur les habiletés cognitives et motrices.

Lorsque les symptômes de dépression perdurent pendant des semaines ou plus, un traitement en santé mentale peut être nécessaire.

La désinhibition/l’impulsivité

Le contrôle/l’inhibition des impulsions est la capacité de contrôler et réfléchir à ses actions et ses paroles. Lorsqu’une personne vit de la désinhibition ou de l’impulsivité après une lésion cérébrale, elle peut :

  • Être facilement irritée
  • Acheter des choses dont elle n’a pas besoin ou qu’elle ne peut pas se permettre
  • Faire des choses dangereuses et risquées
  • Avoir des sautes d’humeur
  • Ignorer les règles sociales et de sécurité
  • Faire des remarques inappropriées
  • Ne pas être capable de réfléchir
  • Parler impulsivement

Si votre ami ou un membre de votre famille est aux prises avec le contrôle des impulsions et la désinhibition, il y a des façons de l’aider à faire face à ces défis.

Offrir de l’aide
Le contrôle impulsif comprend des éléments de la prise de décisions. Votre proche n’a pas à prendre chaque décision par lui-même. Vous pouvez offrir d’écouter son processus de réflexion à haute voix. Vous pouvez aussi lui demander s’il aimerait avoir des recommandations sur la façon d’agir ou d’intervenir dans une situation. Il est important d’éviter de critiquer son processus décisionnel. Il peut être difficile pour les personnes atteintes de lésions cérébrales de prendre des décisions, et la critique peut entraîner de la frustration ou de la colère. Soyez plutôt constructif et encouragez-les.
Élaborer un processus de prise de décisions
Un processus décisionnel pré-établi peut aider à prévenir les comportements impulsifs et risqués et vous assurer de tenir compte de tous les facteurs qui entrent en jeu dans la décision. Cela comprend :

  • Les options de décision de la personne
  • La manière dont sa décision pourrait affecter les autres
  • La manière dont sa décision pourrait l’affecter
  • Écrire les avantages et les inconvénients de chaque option.
  • Demander des conseils
  • Communiquer sa décision à une personne de confiance avant d’agir.
Pratiquer les interactions sociales avant d’y participer
Si la personne a des plans avec d’autres personnes et s’inquiète des interactions sociales, le fait de les pratiquer à l’avance est une excellente façon de renforcer sa confiance.

Le deuil

Le deuil est une émotion qui a une incidence directe sur le comportement d’une personne. Une personne qui vit un deuil après une lésion cérébrale peut adopter des comportements à risque ou être colérique, agressive ou émotive, qu’elle soit seule ou qu’elle dirige ses émotions vers d’autres personnes.

Il est normal de vivre un deuil après une lésion cérébrale, mais il est important de comprendre comment il fonctionne.

L’obsessivité

L’obsessivité, c’est devenir trop concentré sur un objet, une tâche ou même quelque chose que quelqu’un a dit. On ne peut penser à rien d’autre, on peut devenir incroyablement têtu, ou faire des choses à répétition. Cela peut s’aggraver suite à l’anxiété ou aux blessures aux parties du cerveau qui nous permettent de détourner notre attention. Dans ce contexte, il peut devenir plus difficile de résoudre des problèmes et de maintenir des relations.

L’obsessivité peut être causée par diverses choses et peut être gérée avec les bons soutiens.

  • Identifiez l’élément déclencheur qui cause le comportement obsessionnel (l’antécédent) et éliminez-le si possible
  • Encouragez la personne à prendre des pauses, en redirigeant son attention
  • Parlez à un thérapeute cognitivo-comportemental, à un psychiatre ou à un psychologue sur la façon de composer avec un comportement obsessionnel

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT)

Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) est un trouble de santé mentale qui survient chez les personnes qui ont subi un événement traumatique. Il est courant chez les victimes d’agression, les survivants d’accidents et les militaires. Les symptômes comportementaux du trouble de stress post-traumatique comprennent :

  • L’anxiété
  • L’augmentation des pensées, des sentiments et des croyances négatifs découlant du traumatisme
  • La dissociation – la perte de contact avec le présent et le sentiment de revivre le traumatisme
  • Le désir d’éviter certaines situations qui pourraient rappeler (déclencher) le traumatisme
  • Se sentir constamment sur ses gardes
  • Avoir des problèmes de sommeil

Ce ne sont pas toutes les personnes qui souffrent d’un traumatisme cérébral qui souffriront du syndrome de stress post-traumatique. De plus, ce ne sont pas toutes les personnes atteintes du trouble de stress post-traumatique qui ont subi une lésion cérébrale. Seul un professionnel agréé comme un psychologue ou un psychiatre peut diagnostiquer le trouble de stress post-traumatique.

Pour en savoir plus sur le trouble de stress post-traumatique, consultez notre page sur la santé mentale et les lésions cérébrales.

La perte d’image de soi

Les lésions cérébrales n’affectent pas seulement les capacités d’une personne, elles affectent aussi son identité (par exemple, « Qui suis-je maintenant? ») et son image de soi, en raison des répercussions physiques, cognitives, émotionnelles et mentales. Il peut arriver qu’une personne ayant subi une lésion cérébrale se concentre uniquement sur ses limites et ne voit pas ses qualités. Les émotions liées à ces changements peuvent mener à des comportements comme le désengagement, l’évitement ou le choix de ne pas agir, et à un manque de motivation à faire quoi que ce soit, y compris le travail de réadaptation et de rétablissement.

Il peut être difficile d’encourager une personne qui a des problèmes d’identité. Voici quelques façons d’aider la personne avec son image de soi :

  • Célébrer ses réussites
  • L’aider à reprendre les activités qu’elle aime ou à trouver de nouvelles activités
  • Identifier les façons dont elle n’a pas changé (sa gentillesse, son sens de l’humour et d’autres qualités positives)
  • Tenir un journal positif : à la fin de la journée (ou au fur et à mesure), la personne doit écrire les bonnes choses qui lui sont arrivées
  • Prendre une pause. Il est normal de vivre un sentiment de perte, et il est important de vous donner le temps de le vivre

En savoir plus sur l’adaptation à votre nouvelle normalité

Les comportements sexuels inappropriés

Un effet comportemental inhabituel des lésions cérébrales peut être un comportement inapproprié sur le plan sexuel. Cela comprend des commentaires inappropriés à son sujet ou à l’égard de quelqu’un d’autre, des gestes inappropriés (comme le fait de se toucher) et l’exhibitionnisme, qui consiste à montrer des organes génitaux dans des lieux publics ou à des personnes sans leur consentement. Ce comportement peut également inclure la masturbation à des moments inappropriés ou à des endroits inappropriés.

Il est difficile pour les personnes ayant subi un traumatisme crânien de reconnaître qu’elles sont sexuellement inappropriées, car elles peuvent penser que leur comportement est normal. Il est important de travailler avec un professionnel de la santé et d’aider la personne ayant subi une lésion cérébrale à comprendre ce qui est approprié. Voici des exemples de la façon dont vous pouvez les aider à cet égard :

  • Écrire ce qu’il convient de dire ou de faire dans les situations sociales
  • Établir des limites claires de l’endroit où la masturbation est acceptable (dans la chambre, avec la porte fermée)

Si la personne a des questions sur le comportement sexuel ou la santé sexuelle, il faut les partager avec vous ou avec un professionnel de la santé. Il est important d’avoir des discussions ouvertes et honnêtes sur ce qu’ils ressentent ou vivent.

Le dysfonctionnement social

Après une lésion cérébrale il peut être difficile de socialiser, en raison de plusieurs facteurs, dont le comportement de la personne ayant subi une lésion cérébrale. Il est courant pour les personnes atteintes d’une lésion cérébrale acquise de:

  • Éprouver de la difficulté à suivre les conversations de groupe
  • Manquer de sensibilité envers les sentiments des autres
  • Faire des commentaires inappropriés
  • Avoir une mauvaise interprétation des indices sociaux, tels les expressions faciales
  • Ne pas pouvoir discerner le sarcasme
  • Faire preuve d’agressivité et de frustration

La difficulté à socialiser peut mener à l’isolement social, à l’anxiété et à la dépression. La socialisation est extrêmement importante pour la santé mentale, alors il est important de comprendre ce qu’elle implique après une lésion cérébrale et comment vous pouvez aider.


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